Sou [Lolita23q]Who are you, please ?Simples curiosités...
Nom : Nakamura
Prénom(s) : Shû
Age : Dix-neuf ans.
Date de naissance (Jour/Mois/Année)
: Shû est né un vingt-huit Novembre mille neuf-cent quatre-vingt dix-neuf.
Lieu de naissance (Ville et pays)
: Tôkyô, Japon.
Nationalité : Pur japonais.
Sexualité : Shû est un être pur et innocent, il n'a pas vent de ce genre de choses !
Statut (Inscrivez votre classe et votre talent.)
: Première année, littérature, option théâtre.
Résidence (Lieu où vit votre personnage)
: Internat de Rainbow University, chambre une.
Tell me about yourself, want you ?Que se cache t-il, au fond de toi ?Histoire (dix lignes pleines au minimum) :Because a Dream is always a Nightmare… Il huma une dernière fois l'air de la pluie avant de refermer sa fenêtre. Les gouttes glissaient le long des carreaux incolores et il les entendait clapoter contre le bitume.
Sa mère venait tout juste de le gronder, elle ne voulait pas que l'eau entre dans la pièce.
Shû aimait la pluie. Ce pourquoi il aimait beaucoup le début de l'été, lorsque la saison des pluies commençait. Mais, à vrai dire, il aime chaque saison. Le printemps avec ses fleurs, ses couleurs, le soleil et le chant joyeux des oiseaux, l'été avec les rires, la pluie, mais aussi la chaleur, l'automne avec ses couleurs rouges, les érables qui se paraient de teintes magnifiques, les feuilles qui craquent sous les pas, l'hiver qui recouvre de son manteau blanc les rues, le froid, le plaisir de lire auprès d'un feu de cheminée, près d'une fenêtre par laquelle on aperçoit la neige…
L'été venait tout juste de commencer, et avec lui, cette merveilleuse saison des pluies. Il avait l'habitude de rester des heures sous la pluie, de la laisser glisser sur son visage, mouiller ses cheveux, tremper ses habits. Il s'amusait à la laisser couler dans sa gorge, l'attraper sur le bout des doigts, sauter dans les flaques d'eau, tel un enfant.
Il riait et souriait en s'éclaboussant et un air enchanté flottait sur son doux visage. Il en fallait peu pour rendre Nakamura Shû heureux.
C'était un petit garçon facile à vivre, agréable et poli, serviable et gentil. Sauf qu'il avait dix-neuf ans.
Il alla s'asseoir sur son lit, ouvrit un livre, lorsqu'Akihira Nakamura, son frère âgé de vingt-trois ans, pénétra dans la pièce. Il se posta devant lui, et fit un signe de tête vers lui. Shû, résigné, sortit de la pièce et alla dans le salon.
Cette chambre était la sienne, mais le jeune homme se l'attribuait dès qu'il le désirait. C'était plus un jeu pour Akihira, qui ne désirait pas plus sa chambre que celle-ci, afin d'embêter, encore et toujours plus, le jeune Shû. Aki-san n'avait jamais aimé son cadet. Dès son arrivée, il l'avait rejeté. Lorsqu'il avait croisé les yeux du nourrisson, ces yeux que chacun aimait, il l'avait haï. Et il l'avait senti, Shû n'était pas son frère. Depuis, il lui livrait une guerre sans trêve, profitant d'autant plus que le jeune nippon ressemblait à un enfant malgré son âge et, à tout dire, une fillette. Et jamais il ne se rebellait.
Shû passa la nuit dans le salon, il s'était endormi après terminé sa lecture. Il se réveilla avec le soleil et cela l'éclaira d'un sourire. Il se posta près de la fenêtre et admira le réveil de la nature. Les vacances venaient de commencer et ses parents, travaillant encore, étaient déjà partis depuis une heure. Ils vivaient à Tôkyô, allaient à l'école à Tôkyô et leurs parents y travaillaient mais ils partaient toujours très tôt.
Shû était tranquille pendant quelques heures, Akihira ne se réveillerait pas de si tôt. Le salon arborait des tons chauds : au sol, il y avait un parquet en bois d'orme et les murs étaient bordeaux. Il y avait au centre de la pièce une table basse, noire, encadrée par une télévision et des canapés vermillon. Dos à ces canapés, sur le mur, était accroché un tableau représentant deux samouraï se combattant entre deux arbres dénudés, sur un tapis de neige. Des meubles en bois peint en bordeaux, noir ou marron, contenaient diverses choses ; des vases et des statuettes étaient exposées sur ces meubles. Une grande baie vitrée laissait entrer le soleil et on pouvait voir à travers le jardin.
Shû sourit et resta à observer le magnifique spectacle pendent quelques minutes encore, puis il alla se prépara un thé vert.
Il laissa le liquide brûlant couler lentement dans sa gorge une fois qu'il fut près, appréciant les saveurs qu'il dégageait sur ses papilles. Le jeune garçon se déplaça dans la maison, plutôt grande du fait de la richesse des Nakamura, et s'arrêta près d'un meuble. Ce meuble était simple, sobre. Et il renfermait des souvenirs, beaucoup de souvenirs.
Shû ouvrit un tiroir, et en sortit un album à la couverture de cuir marron. Il l'ouvrit, et y redécouvrit diverses photographies de la naissance d'Akihira. Le visage heureux d'Aya Nakamura, la fierté visible dans les yeux de Nazu Nakamura… Mais aucune photographie de lui. Pas la moindre trace de sa naissance.
Il n'avait jamais vraiment compris de qui il était le fils. Comment il était arrivé ici. Pourquoi il était là. Il avait eu le droit à tellement de versions qu'il ne savait qu'écouter. La version d'une domestique lui semblait la plus vraie, la plus plausible.
Il avait choisi de lui demander à elle car c'était celle qui était la plus douce à son égard, elle lui parlait, de temps en temps. Lorsqu'il l'avait interrogée, elle lui avait dit qu'il était arrivé un matin d'automne, dans un couffin bleu marine, que tenait Monsieur Nakamura.
Madame Nakamura avait l'air au courant de l'affaire, car elle ne dit rien en le voyant. Ils s'installèrent au salon et appelèrent leur fils. De là, ils lui présentèrent Shû en tant que son petit frère, mais Akihira, sitôt qu'il le vit, le dédaigna et s'écria « C'est pas mon frère ! ». Il fut renvoyé dans sa chambre tandis que Monsieur et Madame Nakamura mirent en place l'accueil du nouveau venu.
Cette domestique lui dit également qu'en fait, il était le fruit de l'union de Monsieur et d'une autre femme qu'elle ne connaissait pas. Cette femme était pauvre, et avait délégué son enfant à Monsieur, qui n'avait pu faire autrement que d'accepter, et mettre sa femme au courant. Madame s'était montrée très digne, acceptant avec honneur l'arrivée de Shû.
Cette version de son arrivée était celle que Shû avait décidé de croire, et face à celle d'autres, il n'y avait pas à dire, il était plus que probable qu'elle soit vraie.
Shû n'avait jamais vu sa mère, ou du moins, n'avait aucun souvenir de celle-ci. Pas précis, en tout cas.
Le seul souvenir qu'il avait d'elle était indistinct, et peut-être même n'était-ce pas elle.
Il se promenait en ville, et se heurta à une femme, perdu dans la contemplation du ciel. Alors qu'il se retournait pour s'excuser et aider la femme à aider ses affaires, celle-ci eut un mouvement de surprise et elle passa, involontairement au vu de son étonnement, sa main sur sa joue, en murmurant une phrase qu'il n'avait pas comprise.
Il était aux alentours de vingt heures et il faisait sombre, peu de gens passaient dans la ruelle. La femme était accompagnée d'un jeune homme qui semblait avoir son âge, autrement dit, de treize à quatorze ans à l'époque.
Il ne savait pas vraiment si cette femme était sa mère, mais la surprise qu'il avait lue sur son visage, sa main sur douce sur sa joue, son murmure inaudible… Tout cela l'avait perturbé pendant quelques temps et maintenant encore quand il y rependant, il se demandait qui elle était pour lui… De même que pour ce jeune garçon qui l'accompagnait.
Le nippon referma l'album et le remit à sa place, tandis qu'il termina son thé et déposa la tasse dans la cuisine. La maison était encore silencieuse, les domestiques n'étaient pas arrivés et Akihira dormait toujours.
Shû se dirigea dans la salle de bain et prit un bain. Il remit ses vêtements de la veille, propres, et coiffa ses cheveux bruns.
Le jeune garçon sortit de la maison et pénétra dans le jardin : un chat, au pelage écaille-de-tortue, qui annonçait dès lors que c'était une femelle, aux yeux d'un vert empire, le fixait sagement de son regard, assis et digne, la queue enroulée autour de ses pattes. Il eut un sourire et s'agenouilla, présentant sa main ouverte au-devant de lui. La chatte observa avec méfiance puis s'avança silencieusement et doucement. Lorsqu'elle fut assez proche, elle renifla la main de son museau puis frotta sa main contre celle-ci.
Shû gratta alors ses joues, puis caressa son dos, tandis que lentement, elle se mettait à ronronner. Elle finit sur le dos, présentant son ventre au jeune brun, qui sourit, reconnaissant. Il approcha doucement sa main droite et la passa avec précaution sur le ventre du félin, qui ronronnait de bonheur. L'animal venait depuis quelques temps déjà son jardin, et était très affectueuse. Bien que les premières secondes, elle se méfiait, par la suite, elle était la compagne la plus douce et câline qui soit ! Chaque matin, il allait la voir et lui donnait à manger, passait un peu de temps avec elle. Elle lui paraissait abandonnée, il avait fait le tour des maisons de son quartier, sachant qu'un chat avait son propre territoire et s'aventurait rarement en-dehors, et personne ne le reconnaissait pour le sien, aussi l'avait-il en quelque sorte adopté, la laissant libre de ses occupations, et lui donnant un nom : Satomi, « beauté sage ».
Après s'être occupé de Satomi, une fois que celle-ci fut partie, il rentra dans la maison. Akihira venait de se réveiller, lorsqu'il le croisa, il s'attira les railleries de son aîné.
– Alors, le p'tit, bien dormi ? Les chats vont bien ? T'as fait l'ménage ?
– Iie…
- Non, quoi, non ? T'as pas bien dormi ? Il était pas confortable le canapé ? Pourtant, t'es p'tit, tu devrais pouvoir tenir dedans.
– Demo ! Arrête, Akihira… J'ai bien dormi, c'est bon.
– Parfait, tu seras en forme pour tout à l'heure alors !
Aki-san s'en alla dans la cuisine tandis que Shû grimaça. Il savait très bien ce que le jeune homme comptait faire, et cela ne lui plaisait pas du tout.
En attendant, Shû prit un autre livre et commença sa nouvelle lecture. Le jeune brun adorait lire, passait des heures et des heures à cette occupation, ou bien à écrire. Il aimait également le théâtre, le chant et la musique et était inscrit à l'école à ces trois clubs. Mais à la rentrée prochaine, c'était l'université qui l'attendait ; il avait haut la main réussit les examens d'entrée, tout comme son frère.
Il put lire une vingtaine de minutes, jusqu'à ce qu'Akihira apparaisse dans la pièce.
– Allez, debout et monte, on va dans ma chambre !
– Aki…
– Debout, j'ai dit !
Shû, contraint et surtout soumis à l'autorité de l'aîné, monta les escaliers pour parvenir à la chambre du jeune homme.
Il avait mal avant d'avoir commencé.
Akihira se positionna face à lui. Le combat pouvait commencer.
C'était à lui de lancer le premier coup, il projeta son poing en avant vers la figure du grand, qui esquiva d'un simple signe de tête. Et cela continua ainsi.
Frapper, esquiver, rater, avoir mal, taper, louper, tomber, se cogner, saigner… Perdre.
Shû perdait toujours. A chacun de leurs combats, il était le vaincu. Celui duquel on se moquait, celui qu'on méprisait, et Aki' ne s'en privait pas. Des larmes coulèrent sur ses joues alors qu'il revenait dans sa chambre. Il sanglota une dizaine de minutes, puis se calma, et alla dans la salle de bain panser ses blessures. Il n'avait plus qu'à se changer…
An Angel… Is an Angel.
Les journées étaient ainsi faites, continuellement identiques, désespérément répétitives.
Se lever, s'émerveiller, avoir un peu de bonheur avec Satomi, entendre les moqueries d'Akihira, avoir mal, mentir, mais être heureux, dans tout ça. Car sur le visage de Shû s'affichait éternellement un sourire merveilleux.
Il venait toujours en aide aux gens, était poli et gentil, et sa bouille d'ange correspondait tout à fait avec son cœur, n'importe qui vous l'aurait confirmé.
Akihira était tout son contraire. Impatient, ironique, méprisant, violent, irrespectueux, il se fichait totalement de ce que pensaient les gens, de les blesser ou non, et les regardait de travers. Il avait intégré un gang, sans grande difficulté, et leur gang prenait de plus en plus d'importance. En ce gang, il avait trouvé une nouvelle manière de martyriser son cadet.
Shû, l'enfant si mignon, toujours à l'écoute des autres, s'occupant de ses cousines au besoin, jouant avec elles, soignant les chats blessés, toujours en quête de sucreries, délicat et sensible, n'avait pas le cœur d'un bandit. Et Akihira ne se privait pas pour le lui faire remarquer, le mettait sans cesse au défi avec des combats dans lesquels il se savait gagnant d'avance, le provoquant en lui disant que jamais il n'aurait le cœur d'un homme, qu'il était incapable de tuer qui que ce soit, même une mouche…
Et il avait raison. Le pire était cela. Car jamais Shû n'aurait fait de mal à une mouche. Pourquoi ? Elle ne lui avait strictement rien fait ! Il fallait la laisser vivre tout comme elle les laissait vivre.
Plus les journées passaient, plus Akihira s'investissait dans son gang et plus il devenait désagréable envers Shû.
Shû… Shû avait de la reconnaissance envers son demi-frère. Tout le monde l'aimait. Tout le monde.
Il était « trop adorable pour le haïr ». Tels étaient les mots qu'il entendait fréquemment.
Seul Akihira le haïssait, le méprisait. Seul Akihira était odieux envers lui. Il l'insultait, le frappait, se moquait de lui. Se moquait de lui qui s'occupait de leurs cousines, qui aimait les animaux, qui aimait les peluches, qui disait parfois « atashi » au lieu de « ore », qui était bien faible, perdant à chacun de leurs combats, et bien d'autres encore…
Et Shû… Shû appréciait cela. Parce qu'Akihira était le seul à avoir de réels sentiments envers lui. Les autres ne savaient rien. Ils le trouvaient adorable. Il avait un visage rayonnant. Il semblait sourire tout le temps. Il était si généreux. Si mignon. Plein de vie. Gentil. Souriant.
Et compagnie…
Mais jamais personne ne prenait la peine de le connaître vraiment. On s'arrêtait aux apparences. Shû était mignon. Il avait l'air gentil. Il souriait. Donc, il était heureux et sympathique.
Quoique vous lui fassiez, il ne disait rien, vous pouviez tout lui demander, il avait un excellent fond.
Et voilà. Shû Akamura. Une apparence. Rien de plus. Et personne pour se rendre compte qu'on n'allait jamais voir plus loin, que ça suffisait à chacun. La facilité. Les gens aiment la facilité. Ils aiment voir des gens heureux prêts à les consoler, les aider, mais quand vient le tour d'aider son prochain… Personne. Place vide. Et avec Shû, il n'y avait pas ce problème.
Il ne semblait pas y avoir ce problème.
Certes, il ne montrait rien d'autre que des sourires, de la joie et cela n'aidait sûrement pas d'autant qu'il se comportait souvent tel un enfant. Mais c'était involontaire.
Akihira l'avait méprisé depuis son arrivée, depuis son plus jeune âge et il s'était muré dans un silence lourd et pensant, gardant la protection naïve qu'offrait l'enfance.
Mais tout autant qu'il haïssait le nippon, il l'appréciait. Seul lui le connaissait réellement, savait quand il allait bien ou mal, connaissait en presque totalité ses pensées et son être.
En presque totalité.
Derrière les rires et sourires de Shû, se cachaient bien des choses. Le jeune garçon jouait à merveille la comédie. Jamais personne ne s'apercevait qu'il allait mal. Mais n'était-ce pas donc suspect ? N'aurait-on pas dû s'inquiéter de cette éternelle joie justement ?
Non, bien sûr. Pourquoi douter ? Il riait, il souriait, il était sympathique, et voilà. On ne cherchait pas plus. Personne ne cherchait à connaître Shû plus que cela.
Voilà pourquoi Shû avait de la reconnaissance envers son demi-frère, bien que celui-ci le haïsse, et que lui-même ait peur d'Akihira.
Les vacances venaient de commencer depuis seulement cinq jours lorsqu'Akihira vint chercher Shû, l'arrachant à sa lecture d'une pièce de théâtre de Shakespeare, Hamlet.
Il l'empoigna et ils allèrent ensemble dans le métro, puis au bout d'une vingtaine de minutes de marche, arrivèrent dans un appartement, repaire du gang d'Akihira.
Là, cinq personnes seulement étaient présentes, sur une quinzaine d'ordinaire.
Shû fut forcé de prendre place sur un fauteuil, face aux hommes. L'un prit la parole.
– Bonjour, Shû. Heureux de te voir enfin. Tu es le demi-frère d'Akihira, c'est bien cela ?
– Oui… Demo…
– Les questions, c'est moi, les réponses, c'est toi. Les ordres, c'est moi, l'action, c'est toi. Alors… Il paraît que tu es bien fragile et que tu aimerais te forcer, n'est-ce pas ? Bien. J'ai un travail pour toi, on a besoin de main d'œuvre, justement. Tu seras rémunéré, si tu réussis ta mission, bien entendu. Cela te tente ?
– Je… Je ne sais pas me battre !
– Oh ! Il n'y aura pas de combat. Tu vas devoir…
L'inconnu sortit une photographie de sa poche et la tendit à Shû, qui la prit.
– Tuer cet homme.
– NE ? Mais… J'peux pas !
– Discute pas. Les ordres, c'est moi, les actions, c'est toi, j'ai dit. Et ceci est un ordre. Alors tu exécutes.
Sur ces paroles, Shû fut entraîné à l'écart et reçut des instructions, puis les deux frères rentrèrent chez eux. Dans quelques jours, le jeune novice devrait opérer.
Mais il ne s'en sentait absolument pas capable.
Les jours passèrent, et la date prévue arriva. Roué de coups suite à un entraînement intensif donné par Akihira, le ventre serré par l'angoisse, les yeux larmoyants, Shû n'avait vraiment pas l'allure de celui qui allait prochaine tuer un chef yakuza. Car il s'agissait bien d'un chef d'un clan Yakuza qu'il devait tuer.
Il avait un revolver et une dague, Akihira l'avait entraîné à manipuler les deux, mais… Ce n'était pas son fort, il ne ferait pas de compétition avec cela.
Le jeune nippon fut abandonné à quelques mètres du repaire des Yakuza. Il rassembla les informations dont il avait été abreuvé ces derniers temps. Observer. Attendre. Vérifier que le champ est libre, partout. Entrer en toute discrétion, faire attention aux branches, graviers, feuilles mortes… Se faire tout petit. Repérer l'ennemi. Attendre qu'il soit seul. Agir. Partir, en toute discrétion. Se changer, dans un coin à l'abri des regards.
La voie était, visiblement, libre, aussi, Shû pénétra dans le bâtiment par un passage dont l'accès lui avait été indiqué par les membres du gang. Ses doigts tremblaient et son cœur battait à tout rompre.
Etrangement, l'endroit était vide, et il n'eût aucune difficulté à arriver au jardin, où il avait vu le chef se diriger.
Il se posta derrière un large poteau, prit maladroitement et en tremblant sa dague et s'apprêta à la lancer lorsque le chef se retourna et esquiva avec plus de grâce qu'Akihira l'arme. Un sourire en coin illuminait son visage et la malice brillait dans ses yeux.
Shû laissa aller ses tremblements, des larmes coulèrent sur ses joues tandis qu'il voyait à travers la buée de ses pleurs l'homme s'approcher vers lui. Puis… Puis sa vue se brouilla. Il ne… Il ne voyait pas, pas bien. C'était comme si le soleil qui brillait dans le ciel bleu illuminait tout, absolument tout, recouvrait d'un manteau blanc à beige et brillant le sol, les arbres, les gens… Il voyait d'ailleurs les gens de façon plutôt floue, choses difformes se dandinant…
Ses tremblements redoublèrent. Il avait peur. Que lui arrivait-il ? Il allait mourir, c'est ça ? On lui avait injecté un poison ? Au secours… Dieu, au secours…
Il ne put penser plus : Shû s'étala brutalement sur le sol, évanoui.
Lorsqu'il se réveilla, Shû était dans une magnifique pièce. Il ne put s'attarder davantage sur la contemplation de celle-ci car aussitôt que ses yeux s'ouvrirent, une sonnerie stridente retentit. Le mal de tête qu'il avait éprouvé en se réveillant s'accentua.
Il ne se souvenait absolument pas des évènements antérieurs. Il savait… Il savait qu'il devait tuer le chef d'un clan Yakuza. Il savait qu'il était entré dans l'école et que… Que quoi ?
La porte s'ouvrit et le visage qu'il vit lui fit prendre peur. C'était justement cet homme là qu'il devait tuer.
Bah c'était raté, visiblement. A moins qu'il ne rêve ?
L'homme s'avança vers lui en souriant. Il portait une veste, un pantalon et une cravate noirs, une chemise blanche et des mocassins en cuir sombre. Ses yeux étaient tout aussi sombres que ses vêtements et ses cheveux étaient d'un gris argenté, qui ne le vieillissait même pas.
« Alors, jeune homme, on a voulu me tuer ? »
Shû déglutit. L'homme avait parlé sur un ton amical mais il sentait qu'il ne fallait absolument pas s'y fier.
Peu à peu, des images revenaient… Comme sa dague qu'il avait lancée, derrière… Un poteau ? Oui, un poteau. Puis… Puis lui qui s'approchait… Il n'avait pas du recevoir la dague.
– Dis-moi, jeune enfant… Comment se fait-ce que quelqu'un comme toi ait été chargé de me tuer ?
– Ano… Je… Je ne sais pas…
– Tu ne sais pas, hum ? Je te crois. Tu trembles tellement que je doute que tu aies réellement eu envie de me tuer ! Un conseil : au lieu de t'aventurer dans un repaire Yakuza, cherche les membres en dehors… Tu auras bien plus de chance de les avoir. Nous avons l'ouïe fine, et je t'ai entendu dès que tu arrivé. De plus, ici, c'est chez moi, et tu ignores tout de ces lieux… C'est vraiment périlleux. Hum… Tu avais combien de temps pour me tuer ?
– Je… Jusqu'à la fin des vacances… Au maximum. Enfin… Je crois…
– Bien. Tu resteras donc ici jusqu'à la fin de tes vacances.
Sur ces paroles, le chef s'en alla, laissant Shû seul. Seul avec sa peur.
They were wonderful bloody days... Shû passa non pas un mois, mais une quinzaine de jours chez les Yakuza. Et, curieusement, le chef ne l'a non pas martyrisé, mais pris sous son aile. Ce ne fut que quatre jours après le début de « l'éducation » de Shû, qui passait ses journées et ses nuits à s'entraîner, qu'il demanda des explications.
« Je… J'ai un demi-frère qui fait parti d'un gang et… Il m'y a amené. Ils m'ont demandé de vous tuer. J'ai été obligé, alors… J'ai essayé. Mais je ne voulais pas ! Ak… Mon frère a fait ça parce qu'il dit que je ne suis pas un homme, que je ressemble à une fillette et qu'il faut que je m'endurcisse… Depuis que je suis arrivé il est comme ça avec moi… Il se moque de moi, me frappe, me méprise… Me défie alors qu'il sait pertinemment que je perds, à chaque fois. Et c'est tous les jours comme ça. Alors, un jour, il m'a emmené dans son gang… Et voilà… Enfin… C'est bon ? »
Le chef lui fit un signe de tête. Shû n'aurait sûrement pas eu besoin de préciser qu'il n'avait pas voulu tuer son mentor, cela se voyait, se comprenait, instinctivement. Ce dut d'ailleurs être la raison pour laquelle il fut épargné.
Au bout de ces quinze jours d'entraînement intensif, acharné, Shû… Reçu la visite de gens qu'il connaissait.
A savoir, des membres du gang. Qui tentèrent désespérément de… Détruire quelques Yakuza, récupérer Shû, tuer le chef des Yakuza et sermonner au passage Shû.
Mais ils n'y parvinrent absolument pas. Et Shû, avec l'aide du chef Yakuza, en profita pour s'éclipser.
Nightmare is behind the Dream… Always. Isn't ?
Après cet événement, le gang auquel faisait parti Akihira fut… Partagé. Disloqué.
Akihira avait été le seul à réussir à contenir certains Yakuza tandis que leur chef avait battu en retraite, sur ce, Aki-kun fut nommé nouveau chef du gang.
Et il prit son rôle très au sérieux et si bien que bientôt, leurs affaires fructifièrent, l'argent rentrait, et qu'ils commençaient à prendre de l'importance.
Akihira ne prenait pas la « grosse tête », non. Mais il en raillait d'autant plus son demi-frère, si faible, qui avait échoué à sa mission et était même parti, lâche qu'il était.
Il ne s'occupa plus de défier Shû, cela lui avait passé, mais en revanche, son cadet s'entraînait secrètement aux techniques apprises durant son court séjour parmi les Yakuza. La vie avait donc repris son cours normal… Mais cela ne dure jamais éternellement, pas vrai ?
Shû était dans sa chambre, Akihira était on ne savait où, et leurs parents étaient en bas.
Il lisait tranquille lorsque… Lorsque l'on pénétra dans sa chambre, par on ne savait quel moyen, toujours est-il qu'il n'était plus seul. Le jeune homme sursauta. Il n'eut pas vraiment le temps de réfléchir… Puisque dans les secondes qui suivirent, il tomba, assommé.
Lorsqu'il se réveilla il était… En train mauvaise posture, disons.
Un mal de crâne brouillait ses pensées, d'autant que le réveil était dur après s'être fait assommé. Eh ! Il en avait assez des évanouissements et autres !
Il cessa de gémir mentalement lorsqu'il se rendit compte… Qu'il était sur une chaise. Membres liés. Dans… Une grande pièce. Toute vide. Ou… Ou presque ! Se rendit-il compte lorsque ses yeux virent le jeune homme en face de lui.
Ne… C'était quoi encore, ça ? Un plan d'Akihira ? Il l'avait laissé tranquille quelques temps pour pouvoir le martyriser, le ridiculiser, le frapper, d'autant plus, c'était ça ?
Lorsqu'il réussit à un peu – un peu – mieux voir… Il se rendit compte qu'en fait, le jeune homme était très près de lui et non plus loin comme il avait cru le voir.
Glups.
En… Enfer, ne ? Ahen… C'était quoi cette histoire, zut de zut de zut de zut ?
Il sentit que ses membres se mettaient à trembler. C'était rien. Pas d'inquiétude (Mais qui irait s'inquiéter pour lui ici ?). Il était habitué. L'inconnu aux cheveux roses, yeux bruns, tenue noire, s'éloigna et alla finalement s'asseoir contre le mur, en face de lui, où il avait cru le voir tout à l'heure.
Et déclara que mort, il ne leur servait à rien, ce qui y eut pour effet d'apaiser Shû. Oui, l'apaiser… D'accord. Quand on souffrait, on avait souvent tendance à vouloir mourir tellement on avait mal mais on ne pouvait pas vu qu'on désirait nous laisser en vie pour souffrir… Sauf qu'il ne comptait absolument pas mourir à son âge. Encore moins par souffrance… Et qu'il ne saurait absolument pas se défendre. Donc, bonjour aux moqueries de son frère aîné. Puis… Puis c'était inexplicable, point.
La seule chose pour laquelle Shû était vraiment doué et qui aurait pu lui attirer le mérite d'Aki-san était qu'il jouait à merveille la comédie. Il pouvait vous sembler mal et afficher un immense sourire, si bien que, malgré que du sang tache ses vêtements, vous ayez la ferme conviction qu'il allait bien.
Alors Shû… Shû fit semblant d'être calme. Serein. Et il observait le… Le rosé. Ehh ! Il avait les cheveux roses, pas de sa faute !
Il angoissait au fil du temps, sans rien en montrer cependant. L'inconnu ne lui faisait rien. Absolument rien. Et cela inquiétait d'autant plus le jeune otage.
Jusqu'à ce que… Jusqu'à ce que le téléphone de son bourreau sonna. Il ordonna de lancer la vidéo. Vidéo ? Comment ça, une vidéo ?
Il ne put s'interroger plus longtemps. Des coups de poings bien mesurés parvinrent à son visage angélique, et un coup de pied au ventre, qui lui coupa la respiration quelques temps.
Il ne dit rien, il était habitué à se faire frapper à cause d'Akihira… Cependant, il avait mal. Genre extrêmement mal, « Maman, on peut aller à l'hôpital, ne ? ». Mais il n'avait pas de mère, pas de mère qu'il connaisse du moins, et encore moins ici. Et il était persuadé que malgré toute l'affection que réussissait à lui porter madame Nakamura, elle le laisserait là.
Son ventre était douloureux et aussi curieux que vous pouviez trouver l'acte de Shû, celui-ci avait pour habitude de s'enfoncer légèrement le bras dans le ventre après qu'Aki-san lui ait donné un coup de pied dans ce-même ventre aussi eût-il un geste pour le faire, mais les liens l'en empêchèrent.
Pendant ce temps… Pendant ce temps… Il… Il parlait à son frère avec la vidéo ! Ne ? Shû ne comprenait plus rien. Il était perdu. Totalement perdu. Mais c'était quoi ça, zut ?
Et… Oh… Visiblement, c'était plutôt un plan contre son frère et non de son frère. Intéressant. Génial. Niarf.
Oui, d'accord. D'accord, c'était lui la victime dans cette histoire du coup… Mais un peu de mal à Akihira était tout à fait bienvenu, et il s'autorisait cette pensée, après tout ce qu'il subissait depuis son arrivée chez eux. C'était de sa faute, peut-être, s'il était un enfant illégitime ?
Il n'eut pas de réponse, juste sa tête qui partit violemment en arrière, ce qui accentua son mal de tête qui n'avait pas cessé, avec, en prime, un joli « petit « katana sous la gorge et un merveilleux petit filet de sang. Appétissant, non ?
Ne ? Ils avaient menacé Akihira de le tuer s'il ne partait pas de Tôkyô, c'était ça leur plan ? Mais ils étaient débiles ! Excusez-le, mais, franchement… Il ne lui viendrait jamais en aide ! Akihira le haïssait ! Pourquoi irait-il le sauver, lui ? Son plus grand rêve était qu'il n'existe pas ! Et il avait l'occasion de le tuer sans qu'il y soit pour… Ah. Bah si. Ce serait quand même de sa faute s'il venait à mourir, en fait. Et il savait qu'il ne pouvait se permettre de tuer Shû parce qu'ils avaient le même père, et que ledit père avait quand même de la considération pour lui.
Mais… Mais ils croyaient vraiment que, lui, en appât, ce allait fonctionner ? Il y avait… Quelques petites chances. Histoire de ne pas avoir son meurtre sur le dos. Et en fait… C'était là la seule raison plausible. Parce que jamais Akihira ne ferait acte de gentillesse, d'affection, envers lui. Il avait passé dix-neuf ans à haïr Shû, ce n'était pas aujourd'hui que cette haine allait tomber.
Sa tête sombrait peu à peu et il finit par s'endormir, les douleurs se décantant doucement. Il était fatigué. Il n'avait pas dormi et croyez-le ou non, être assommé ne constituait en aucun cas une alternative au sommeil.
Il se réveilla au bout d'il ne savait combien de temps, affamé, assoiffé, encore fatigué, du sang sec sur son visage et son cou, quelques douleurs se faisant encore sentir.
L'inconnu parla et annonça que… Que cela faisait vingt-quatre heures ! Vingt-heures de passées ! Mais comment avait fait Satomi ?
Il ne s'étonnait pas qu'Akihira n'était pas venu le chercher, soit il voulait vraiment le laisser, soit il désirait le laisser mariner un peu, histoire de l'amocher sans que ce soit de sa faute… Il trouverait bien un charlatan qui aura fait tout ralentir. Alors, qu'il l'excuse, il aurait voulu venir le sauvé plus tôt, son petit frère adoré, mais il n'avait pas pu, à cause de cet imbécile là-bas, qui avait tout ralenti.
Shû avait pu boire un peu mais cela ne suffisait pas, et il avait horriblement faim. Finalement, le téléphone du bourreau sonna et Shû fut détaché… Alors… Akihira avait fini par le sauver, ne ? Hen… Il n'avait pas franchement hâte de le retrouver, parce que cela voulait aussi dire qu'il y aurait de nouveaux combats, il en était sûr, d'autres moqueries, et il n'avait vraiment pas l'esprit à affronter tout ça. Le trajet en compagnie de son frère serait long, horriblement long. Et à tout dire, malgré cette séquestration, Shû était d'un certain côté plutôt tranquille : il avait passé vingt-quatre heures sans son frère ! Merveilleux !
Le merveilleux s'envola lorsque l'inconnu lui asséna un coup de pied dans le dos. Itai ! Il avait assez mal comme ça, zut ! S'il croyait qu'il allait s'évader, il était franchement stupide, et en fait, Shû ne pensait pas une seconde qu'il l'ait cru.
Mais… Mais lui donner ce coup de pied était stupide. Il n'arrivait déjà pas à marcher, c'était pire. Finalement, il dut s'appuyer contre son bourreau, trop faible pour quoique ce soit.
Il entra dans une voiture et on lui balança billet de train et téléphone portable… Qui sonna. Il devait répondre, ne ?
Alors, maladroitement, les membres engourdis d'être restés liés pendant vingt-quatre heures, il parvint à décrocher. Il avait du mal à parler et les blessures faites par le rosé lui faisaient terriblement mal, ce qui lui arrachait des larmes. Il raccrocha, ils arrivèrent à la gare tandis que l'homme attendait avec lui sur le quai. Son train et arriva et il regarda une dernière fois le jeune homme. Il n'avait pas eu le temps de se tromper sur son compte. Beaucoup avaient dû croire qu'il était un parfait petit garçon… Mais lui n'en avait pas eu le temps. Dès le départ, les dés étaient jetés. L'inconnu aux cheveux roses était un homme, un sale homme, sans pitié, sans honneur.
Et Shû ne lui en voulait absolument pas. Shû ne le haïssait pas, ne le détestait même pas. En fait, il… Il le trouvait sympathique. C'était stupide. Il ne le connaissait pas. Il savait juste qu'il faisait partie de la pire espèce de l'espèce des Hommes. Mais il avait dû contrarier Akihira et cela, ça lui plaisait énormément.
Bien qu'il ait terriblement peur.
Il entra finalement et put entendre les derniers mots de son bourreau : « Au revoir, trésor. »
Trésor, ne ? Il en prenait étrangement soin, de ses trésors, le rosé.
The sky is blue… And your smile is black.Et voilà. Ils étaient rentrés. Les vacances se terminaient dans quelques jours. La rentrée approchait.
Et Shû s'était tout, sauf reposé. Les pires vacances de sa vie.
Lorsqu'Akihira avait récupéré Shû… Il avait était surprise par l'état dans lequel son demi-frère se trouvait. Mais intérieurement, il avait souri, jubilé. Et haï le fait que Shû s'était écroulé dans ses bras, en outre.
Akihira avait assommé Shû de questions auxquelles il ne répondait pas, bien trop fatigué… Jusqu'à ce que le jeune homme prit la décision, pour faire bonne figure, d'aller venger son frère. Shû n'y croyait absolument pas… Jusqu'à ce qu'il se mette en marche.
Il puisa dans ses dernières forces et le dissuada. Car le cadet n'avait absolument pas envie d'avoir le rosé sur le dos une nouvelle fois, ni le reste de sa bande. Il avait eu terriblement mal. Il avait souffert. Il avait eu atrocement peur. Il était affamé et assoiffé. Il était crevé. Cela suffisait. Stop.
Une fois lui avait suffi, il ne comptait vraiment pas revoir le bourreau qui malgré son visage d'ange était un véritable démon terrifiant. Et si Shû avait apprécié le fait qu'il ait pu torturer un peu l'esprit de son aîné, il n'en avait pas moins une peur bleue.
Alors, stop, zut de zut.
Akihira ne comptait effectivement pas rester à Osaka, et Shû non plus : ils avaient leur chez eux à Tôkyô, ils y rentreraient… D'autant que leurs parents s'inquièteraient, malgré la majorité bien dépassée de l'aîné.
Monsieur et madame Nakamura travaillaient toujours et avaient peu vu Shû, de même qu'Akihira qui passait son temps dehors. Le jeune Shû était donc tranquille à la maison.
Il se décida, un jour, à retourner auprès de ce meuble sobre et sombre. Répétant les mêmes gestes, il ouvrit le tiroir et en sortit un album de photographies. Il le feuilleta, puis un autre, et encore un autre.
Il n'avait jamais trouvé de photographies le représentant. Il n'y en avait pas. Son père, madame Nakamura et Akihira, mais pas lui. Il était intégré à la famille, madame Nakamura prenait soin de lui, son père lui parlait, mais tout en faisant attention à lui, on l'ignorait. On l'acceptait sans l'accepter. Déchet. Il était un déchet.
Mais il comprenait. Il comprenait parfaitement. De même qu'il comprenait la haine d'Akihira, enfant gâté qui n'avait pas voulu voir son univers partagé. Puis on a tous besoin de quelque chose sur quoi se défouler, et il s'était présenté comme tel aux yeux d'Aki. Et Shû acceptait, comprenait, sans jamais se plaindre, toujours et éternellement souriant. Il souriait à qui le voulait, ne voyant que les belles choses de la vie.
A l'école, c'était pareil. Il souriait, riait, était joyeux, tout le temps. C'était lui qui motivait les troupes, leur redonnait le sourire, consolait ses amis lorsqu'ils allaient mal. C'était à lui qu'on venait se confier et il gardait tout. Absolument tout. Même ses peurs à lui, même ses craintes, son mal, tous ces sentiments que jamais personne ne voyait, que jamais personne ne voulait voir. Il cachait tout ça et il souriait. Et tout le monde était content, et tout le monde est content. N'est-ce pas ?
Shû avait toujours aimé tout ce qui sortait de l'ordinaire. Il avait toujours rêvé de s'amuser, de n'importe quelle façon. Et il allait entrer à l'université, dans une université acceptant tous talents… Alors Shû décida de s'amuser d'une autre façon encore : les vêtements !
Son frère, Akihira, l'avait fait avant lui en entrant à l'université lui aussi. Ce fut donc qu'un jour, le jeune brun se retrouva blond, et troqua son pantalon de toile noire contre un jean troué, une veste à carreaux d'un rose flashant, et une écharpe bleu électrique et rose flash. Fini l'uniforme, bonjour l'amusement !
Shû a commencé les cours de musique et chant à quatre ans seulement et il a gardé sa voix d'enfant, pure et claire. Pas entièrement, quand même. Mais on entend la pureté de sa voix dès qu'il parle ou chante.
Il a également commencé le théâtre à onze ans, et depuis, en est passionné. Il aime aussi lire et écrire.
Lorsque ses oncles et tantes avaient un problème pour garder leurs enfants et que Shû était libre, il se proposait pour les garder.
Il soigne les chatons abandonnés, les chats blessés, prend soin des chiens, des lapins, de tout animal. Shû est toujours gentil, toujours là pour les autres.
Un ange, un délicat petit ange.
Un petit ange brimé par un démon malicieux, qui lui voue une haine sans faille… Sans faille ? Ce n'était pas exactement vrai. Certes, Akihira hait Shû. Mais… Mais, non pas qu'il l'apprécie, il a juste fini par aimer ce petit visage d'ange. Juste assez. Juste assez pour manifester un brin, un très fin brin, mais un brin quand même, d'inquiétude en le voyant si mal en point après son enlèvement. Juste assez pour se sentir un peu coupable et ralentir ses activités, les déménageant à Osaka, faisant des allers-retours entre Tôkyô et Osaka sans arrêt.
Juste assez pour cela. Ce n'est rien, mais c'est déjà ça.
Shû appréciait fortement les peluches, et l'une des préférées était un lapin nommé Neuneum. Il l'avait trouvé un jour, alors qu'il allait à l'école, sur le rebord d'une route, mouillé par la pluie qui coulait le long des caniveaux. Il l'avait pris, l'avait ramené à la maison, et lorsque ses parents avaient aperçu l'atroce peluche sale et peu identifiable, ils avaient tout fait pour que le jeune garçon s'en débarrasse… Mais ils ont dû céder face à la détermination d'un enfant, et on sait tous qu'elle est la plus forte, ne ?
Aussi, Shû garde encore son Neuneum avec lui, et comptez sur le nippon, il l'emporte à Rainbow !
A la rentrée, Shû n'était pas totalement rétablit. Il était entré à Rainbow University, en littérature option théâtre.
Akihira aussi y est d'ailleurs, mais cela n'inquiète pas le jeune ange. Tous deux sont plutôt riches… Suffisamment pour se faire tuer ?
Akihira promet « de tabasser le premier qui osera le toucher pour le tuer et prendre son argent ». Shû, lui, s'en fiche. Il a eu assez à faire cet été et il n'a pas la moindre envie de penser crimes et compagnie, il a eu sa dose, merci. Il verra si on le tue, ne ?
Cependant, il est loin d'être insensible et s'inquiète pour les autres, et s'il le pouvait, consolerait tous les proches de défunts et veillerait sur chacun. C'est ça, le rôle d'un ange, non ?
Caractère (cinq lignes pleines au minimum) :« Un train peut en cacher un autre. »Vous est-il déjà arrivé de croiser quelqu'un que vous connaissiez mais de ne pas aller le saluer ? Vous est-il déjà arrivé de voir votre ami s'avancer vers un arbre inconsciemment mais de ne pas le lui dire ? Vous est-il déjà arrivé de voir un objet tomber mais de ne pas prévenir son possesseur ? Vous est-il déjà arrivé de voir un crayon au sol mais de ne pas le ramasser pour le rendre à son propriétaire ? Vous est-il déjà arrivé de prétexter une urgence pour ne pas à avoir écouter les malheurs d'un ami ?
Oui ? Vous avez déjà fait au moins l'une de ces choses, sinon toutes ?
Et bien, Shû, non.
Shû, quand il voit quelqu'un qu'il connaît, va toujours le saluer. Toujours. Il ne manque jamais à saluer un ami. Et si un jour il ne vient pas, c'est qu'il ne vous a pas vu, et il n'en sera jamais autrement. Shû n'ignore pas ses amis.
Il les a en considération, en estime, et jamais n'en laisserait tomber un. De même, jamais il ne laisserait un ami se faire mal, trébucher, se blesser s'il peut éviter cela.
Il préviendra son ami qu'un arbre est devant lui, qu'il devrait s'arrêter, à moins qu'il ne désire vraiment avoir mal. Il ne rit pas de la douleur de ses amis –sauf si ceux-ci sont pliés de rire, le jeune homme a le sens de l'humour.
Lorsque Shû voit que le bout de papier s'échappe de la main de la personne qui est devant lui, il la prévient poliment. Il peut parfois être extrêmement dérangeant de perdre quelque chose et Shû ne manque pas venir en aide aux personnes distraites.
S'il était amené à apercevoir le crayon d'un camarde par terre et que celui-ci, discutant, ne s'en serait pas rendu, Shû le lui rendrait avec un merveilleux et sincère sourire.
Et jamais, jamais Shû ne partirait s'il voyait qu'un ami avait besoin d'une écoute. Jamais.
Shû resterait écouter, même s'il lui faudrait rester des jours et des jours.
Il consolerait, ferait tout pour arranger, épaulerait, aiderait. Resterait présent, tout le temps que cette personne en aurait besoin.
Moquez-vous de lui si vous le désirez, comparez-le à un « toutou fidèle et loyal », mais avouez, avouez que vous seriez bien content, le moment venu, de le trouver.
Et il serait là. Shû veut bien aider n'importe qui.
Shû est un garçon plein de bonté, voulant toujours faire plaisir, cherchant à rendre le plus heureux au possible ses amis et culpabilisant dès qu'il leur a fait de la peine… Bien que cela ne soit jamais arrivé. C'est en général vers lui que l'on vient lorsqu'on ne se sent pas bien ou que l'on a besoin d'aide, ou simplement pour retrouver le moral, passer un bon moment. Alors, certes, il peut faire penser à « un bon toutou loyal et fidèle », mais rares sont les personnes aussi attentives.
A l'écoute, attentif, cherchant toujours à aider, consoler, même ses ennemis… Mais n'est-il pas naïf ? Ou trop collant ?
Non. Enfin, pas totalement.
Certes, Shû peut se montrer crédule pour diverses choses, mais il est intelligent et sait le plus souvent analyser les situations, déjouant ceux qui désiraient se moquer de lui en simulant un mal être pour le tourner en ridicule par la suite. Shû est un excellent comédien, et il sait déceler la comédie… Et ce n'est pas à vieux sage qu'on apprend à faire la grimace, ne ?
Jusque là, jamais le jeune ange ne s'est fait prendre au jeu de qui que ce soit, et il a toujours fait preuve de clairvoyance. Il est certes mignon et attendrissant, mais il n'est pas stupide. Il ressemble peut-être à un enfant, en a peut-être le comportement, mais il a aussi une certaine maturité qui s'exprime parfois.
Détrompez-vous, il n'est pas l'idiot que l'on peut manipuler avec une déconcertante facilité et s'il se laisse prendre au jeu, ce sera uniquement parce qu'il le voudra, et rien d'autre.
Shû… Shû fait de son mieux pour ne pas être collant. De même, son intelligence entre en jeu ici.
Et il est suffisamment intelligent pour comprendre que quelqu'un a envie d'être seul, et respecte cela. Aussi le jeune homme part-il lorsqu'il s'aperçoit que la personne à ses côtés à un réel désir de liberté… A moins qu'il voit qu'il ne serait pas prudent de la laisser seule, sans épaule pour pleurer, au lieu de se morfondre et se faire encore plus mal.
Il peut cependant lui arriver d'être trop collant, c'est vrai. Collant de par sa volonté d'aider, d'être là, d'apporter son soutien… Collant de par sa simple présence.
Mais Shû ne se veut pas collant, et fait de son mieux pour éviter de l'être, ce pourquoi, intérieurement, il est angoissé, angoissé par l'idée de gêner, d'embêter. Il fait tout pour respecter ses amis tout en faisant tout pour leur venir aide, mais, les deux ne sont pas toujours simples à concilier… Alors, certes, certes, parfois, il peut se tromper. Il peut croire que vous voulez le voir partir alors que non, vous auriez voulu qu'il reste, mais il a vous a laissé seul… Mais vous l'avez déjà sûrement fait vous aussi. C'est quelque chose qui arrive… Non ? Partir, voyant votre ami agité, en vous disant qu'il désire être seul, c'est ce que vous avez déjà du faire, n'est-ce pas ? Et bien Shû aussi, l'a sûrement fait de temps en temps.
De même, sûrement avez-vous agacé quelqu'un à force de rester près de lui, sans le savoir… Nous n'y pouvons rien. Nous ne faisons pas de télépathie, comment savoir le désir de l'autre ? Comment savoir, toujours, s'il faut rester ou partir ? C'est pratiquement impossible. C'est très difficile. Alors, pardonnez quelques petites erreurs, ne ? Et puis… Peut-être, après tout, que cela vous aura fait du bien, d'être seul ou auprès de Shû. Qui sait, hum ?
Shû fait de son mieux pour être un ami en lequel vous pouvez avoir confiance, avec lequel vous pouvez vous amusez, avec lequel vous pouvez pleurer, encore et toujours, sans jamais qu'il se plaigne, et il a visiblement réussi jusque là. Quelques minutes de moins ou de trop peuvent être fatales, terribles, oui. Mais alors… Alors courrez après Shû, demandez-lui de revenir ! Ou bien demandez-lui de partir, poliment, il comprendra… C'est votre ami, après, ne ? Si vous ne pouvez pas lui demander cela, que pouvez lui demander ? Etre dans l'impossibilité de demander cela, c'est être dans l'impossibilité de demander respect et compréhension à votre ami… Mais un ami est censé vous respecter, quelles que soient les décisions que vous prenez, non ?
Chacun, oui. Chacun doit respecter, quelles que soient les décisions prises. Mais un ami encore plus. Alors osez ! Ne souffrez pas seul, ne vous énervez pas parce qu'il est désespérément là, et que vous ne rêvez pas, non, lorsque vous fermez puis rouvrez vos yeux, il est bel et bien là, demandez-lui voyons, gentiment, poliment… Et il comprendra, vous avez confiance en lui, n'est-ce pas ? Alors, allez-y.
Mais ne croyez pas que vous pouvez profiter de Shû. Il n'agira pas expressément sur un de vos ordre, il n'est pas à votre merci, et n'est pas non plus un robot à tout faire. Il rend des services oui, mais dans la limite du possible, dans la limite de la raison, et s'il s'aperçoit que vous profitez de lui, il cherchera à arrêter cela. Ne le sous-estimer pas. Lui ne se permet jamais de sous-estimer quiconque, ne faites pas cette erreur.
Il sait que sous-estimer quelqu'un est une erreur, une grande erreur, que les apparences sont bien trompeuses, et que ce n'est pas parce qu'on a un visage angélique qu'on est un ange. On peut tout aussi bien être un démon. Ou, sans aller jusqu'à être un démon, avoir des principes, des limites, et poser ses barrières. Un ange n'est pas idiot. Un ange sait aussi dire « Stop ! » et refuser d'agir. Tout pouvoir a ses limites. Tout homme a ses limites. Et Shû est compris dedans.
Tout homme est bon à quelque chose, même si cet acte est mauvais. Tout homme a une force en lui. Shû aussi. Et il saura lorsque vos mains poseront des fils sur lui. Et fera tout pour les couper. Il peut accepter de faire un certain nombre de choses, il peut accepter d'être manipulé un tant soit peu, peut-être même totalement, c'est selon son bon vouloir, mais ne croyez pas qu'il est aveugle et stupide, ou plutôt si, croyez en cela, et c'est d'ailleurs ce que tous font, vous serez bien surpris si vous tentez quoique ce soit à son égard.
Shû est gentil. Tout le monde vous le dira. Il n'est pas de cette excessive et bête gentillesse dont certaines personnes font preuve, mais de cette gentillesse douce et polie que l'on apprécie à toute heure. Il sait se mesurer, et bien qu'il soit d'une nature expansive, le jeune blondinet sait être calme envers ceux qui apprécient cela… Et lui-même apprécie.
Il n'entrera pas dans un magasin en criant haut et fort un « Bonjour ! » jovial, mais prononcera une discrète et douce salutation accompagnée d'un délicieux sourire.
Shû n'ira pas engager la conversation avec un inconnu en attendant le bus. Il est sociable, mais pas au point de vouloir arracher des mots à chaque personne qu'il croise. Si on vient lui parler, il parlera, il n'est pas hermétique à toute discussion. Il restera prudent, un inconnu reste un inconnu, mais il répondra sympathiquement à la parole de son interlocuteur.
Shû ne fait pas preuve de méchanceté, et jamais personne ne dit cela en parlant de lui. Et pourquoi le ferait-on ? Il est agréable et ne fait jamais de tort à autrui ou si tel est le cas, il s'en repent pendant des semaines voire des mois… Mais Shû ne vous embête pas en s'excusant dès qu'il vous voit. Il présente ses excuses une fois, avec la plus grande sincérité, espérant fortement que vous acceptiez ses excuses, et seulement cela. Shû est collant, mais pas stupide, ne l'oubliez pas.
Il ne dit jamais un mot de travers, ne parle jamais avant d'agir, et ne vend pas la peau de l'ours avant de l'avoir tué.
Il n'est pas le genre de personne à se plaindre pour qu'on le regarde (et de toute façon, il n'a pas besoin de ça), qu'on s'apitoie sur son sort, qu'on le console. C'est plutôt lui, en général, qui va consoler les autres. Shû ne juge pas aux apparences et ne s'énerve pas d'un ami qui se plaint sans arrêt, mais va plutôt chercher à comprendre qui est la personne, pourquoi son ami se plaint ainsi… Quel besoin a-t-il d'être ainsi écouté ?
Beaucoup sont ceux qui viennent se confier à Shû, parler au besoin, et jamais personne n'a eu à se plaindre du fait que Shû ait répété, dit, quoique ce soit à quelqu'un, car jamais il ne l'a fait et jamais il ne le fera. Que vous lui ai dit que vous aimiez tel ou tel ou que vous aviez tué quelqu'un, quelle que soit la grandeur du secret, il se taira.
Shû, s'il est toujours prêt à écouter, aider, et rendre service, fait tout le contraire pour lui. Jamais il n'ira demander de l'aide, même quand ça va très mal, même quand quelqu'un sur qui s'appuyer serait d'une bien grande aide. Il se taira, intériorisera. Gardant pour lui tout, enfouissant au plus profond de lui les tristes et autres pensées sur lesquelles il ne veut pas s'attarder et restera à sourire. Et jamais vous ne pourrez deviner qu'il a mal, parce que son sourire vous comblera de bonheur, et vous oublierez tout.
Et de toute façon, vous ne soupçonnerez même pas que Shû ait lui aussi quelques chimères. Il sourit bien trop, bien trop réellement, pour que vous en doutiez… Et s'il ne veut pas en parler, n'est-ce donc pas son problème ? C'est ce que vous pensez, n'est-ce pas ? Mais ne vous inquiétez pas. Il ne vous en veut pas. Absolument pas. Du moment que lui vous aide, du moment que vous soyez heureux, il est content et joyeux, et le sera tant que vous le voudrez.
Et Shû… Shû ne demande aucun service, alors ? Et bien non. Shû fait tout. Tout de ses petites mains. Il ramasse son crayon et fait bien attention à ne rien perdre et de ce côté, Shû est bien et bien adulte. Car… Il ne perd rien. Strictement rien. Pour ne pas embêter les autres. Et il fait tout, au maximum, par lui-même. Car il a très peur de gêner ses camarades. Mais pourtant… Lui n'est absolument pas gêné de vous aider et au contraire, le fait avec plaisir, alors pourquoi cela vous gênerait-il ? Il ne sait pas. Mais il ne veut surtout pas vous embêter. Alors, ne vous inquiétez pas, restez auprès de lui, il pendra soin de vous, et on verra ensuite pour lui, ne ?
Shû, bien sûr, doit avoir des ennemis, tout comme il a des amis, tout comme il y a foule de gens qu'il ne Shû sourit, s'amuse, rit. Il raconte des souvenirs, il projette des activités, il fait tout pour les rendre heureux, les aider, et ensemble, ils s'amusent bien. D'autant que Shû est quelqu'un de très serviable et généreux, et il n'hésitera pas à vous offrir quelque chose, juste par pour plaisir.
Mais… Mais il y a un mais. Ce ne serait pas amusant, sinon.
Mais Shû, s'il arrive qu'il parle de la pluie et du beau temps, ne parle pas que de ça. Il parle aussi de comment tombe cette pluie et de comment rayonne ce soleil, de temps en temps.
Il a une part d'ombre, plus profonde, plus secrète. Cette part n'est jamais dévoilée. Personne ne la connaît. Et peut-être même n'existe-t-elle pas. Et il est même impossible de la décrire, car personne ne sait ce qu'elle est. De quoi parle-t-elle ? A quoi pense t-elle ? Personne ne le sait, tout le monde l'ignore, et personne n'en parle, puisqu'elle est inconnue. Elle est là, tapie, attendant son heure, car toute ombre surgit un jour. Silencieuse et invisible, peut-être est-elle dangereuse, peut-être pas, peut-être est-elle toute la méchanceté de Shû qu'il n'exprime jamais, s'il en a, peut-être est-elle toute sa tristesse, peut-être représente-t-elle tous ses maux… Peut-être. On ne sait pas, on en parle, elle est inexistante aux yeux de tous. Akihira sait, oui, il sait que Shû n'est pas entièrement le garçon heureux qui rit et sourit, il la connaît un peu cette part, et lui seul la connaît… Mais pas entièrement, certainement pas entièrement, peut-être même que personne ne la connaîtra entièrement. Car elle se montrera, sûrement, les gens d'ombre sont un jour ou l'autre éclairés par le soleil, toujours, mais peut-être qu'il n'y aura que son profil qui sera vu.
Enfin, revenons à Shû et son comportement face à des amis.
Le jeune nippon est à l'écoute et fidèle, il est assuré qu'il ne trahira jamais un ami et gardera en lui tout ce qu'on lui dit, tel un ange donne sa parole de ne rien dire.
S'il ne dit rien de ce que l'on dit, il ne dit rien de lui non plus. Il garde tout en lui, intériorise. De ce fait, certains peuvent parfois le trouver distante, voire froid, malgré sa bonne humeur, sa gentillesses. Certains, d'ailleurs, pensent que la bonne humeur de Shû n'est qu'une façade, un masque, et qu'en vérité, il est orgueilleux, hautain, méprisant. La gentillesse de Shû est réelle, et il veut véritablement bien faire. Loin de lui l'idée de faire du mal à quiconque !
Il est toujours là pour les problèmes moraux, écoute et tente de conseiller si possible, réconforter du mieux qu'il peut et dire ce qu'il en pense. Et, Shû, entre autre, peut se montrer très protecteur… De même qu'il est très câlin, et aime donner des surnoms.
Face à un ennemi, le jeune ange restera impassible. Visage de marbre indéchiffrable, indissociable. Il ne parlera pas ou très peu et ses répliques ne seront que calmes et polies, fuyant absolument tout conflit.
Il est parfaitement calme et ne montre aucun signe d'agacement, reste posé, poli même. D'ailleurs, plus il est poli, plus il est énervé, ce qui trompe bien des gens, d'autant qu'il parle paisiblement.
Il ne criera pas, ne jurera pas, ne proférera nulles insultes. Shû a en horreur les insultes et il est rare, très rare, qu'on l'entende jurer. Il restera, immobile, stoïque, d'un calme déconcertant.
Déstabilisant.
Envers les simples connaissances, Shû reste polie et aimable, courtoise.
Il peut sembler distant, car il craint véritablement de déranger, mais cependant, on sent bien qu'il est tout ce qu'il y a de plus adorable à sa voix. Il peut être bavard comme silencieux, perdu dans ses pensées. Quand il parle beaucoup, suit en général un moment où son flot de parles se tarit : il a l'impression d'avoir pris d'assaut la parole, avoir empêché les autres de s'exprimer, et n'ose plus parler, intimidé et angoissé à l'idée d'avoir monopolisé la parole..
Shû est du genre à rêver, mais cependant, il restera toujours à l'écoute et ne partira pas dans ses pensées alors que quelqu'un lui parle. Il écoutera, jusqu'au bout.
Lorsqu'il est seul, il s'invente souvent des histoires, partant dans ses rêves… Jusqu'au moment où il retourne à la réalité.
Il peut aussi se montrer parfaitement gamin, et c'est d'ailleurs ce qu'il est. Les peluches, les carrousels, les contes de fée, les bonbons, les câlins, les jouets… Il vote pour et aime tout cela, oui !
D'ailleurs, elle a plusieurs peluches encore et s'habille telle une princesse sortie d'un joli conte, telle une poupée de porcelaine. Le Lolita, ça connote aussi l'enfance, ne ?
Shû ne crie pas. Shû n'hurle pas. Shû ne jure pas.
Shû peut s'énerver. Mais dans ces cas, Shû ne parle pas. Shû fixe avec ses prunelles la personne, la laisse parler.
Et part.
Ou part tandis que la personne s'acharne, également. C'est au choix.
Parfois, il reste. Dans ces cas, il répond avec une voix posée et calme. Toujours. Et la voix est aussi boudeuse et triste, et le visage accompagne. Comme un enfant qui a peur de l'orage et ne veut plus l'entendre gronder.
La plupart des gens s'énervent parce que leur thé est trop froid, que le riz n'est pas assez cuit, qu'ils n'arrivent pas à se coiffer.
Pas Shû.
Shû, dans ces cas là, soupirera, à la limite. Mais c'est tout. Shû ne s'énerve pas pour rien.
Et il se met en colère encore plus rarement qu'il ne s'énerve. Il s'est quelques rares fois mis en colère. On peut les compter sur une main, même enlever un doigt.
Lorsqu'il se met en colère, Shû peut crier. Mais Shû, majoritairement, devient de plus en plus boudeur, de plus en plus poli, son regard s'assombrit, et sa voix est ferme, mais calme.
Très, ferme.
D'un autre côté, on a l'impression qu'il ne fait strictement rien et que l'on imagine qu'il s'énerve. Car Shû est parfaitement immobile. Il ne bouge pas. Seule sa voix annonce sa colère.
Shû n'aime pas lorsque les gens se mettent en colère. Il ne supporte pas d'entendre des Il part du lieu, ou dans ses pensées. Mais Il ne restera pas à écouter et répliquera encore moins.
Agacé.
Shû peut être agacé. Comme quand quelqu'un s'énerve et qu'il lui est impossible de partir, par exemple.
Il n'a jamais compris pourquoi les gens s'énervaient. Il a demandé, quelques fois, pourquoi ils criaient et insultaient, à des personnes en colère. Ils s'étaient arrêtés, certains avaient repris de plus belle, d'autres lui avaient dit que ça les défoulait. Il ne voyait pas en quoi, n'avait pas compris.
Mais Il n'avait pas cherché ; voilà bien longtemps qu'il a cessé d'essayer de comprendre les lubies des Hommes.
Le jeune nippon a des principes, et personne ne l'en fera démordre. D'ailleurs, il est têtue.
Il peut avoir mal quelque part, vous pouvez lui demander d'aller chez le médecin, il n'ira pas s'il ne le désire pas.
S'il fait beau, très chaud, et qu'il garde un manteau que vous vous efforcez de lui faire enlever, vous ne risquez pas d'y arriver s'il ne veut pas. Il est capable de garder un manteau par trente degrés, même s'il a chaud. Il est têtu, obstiné et déterminé, et refuse de faire quelque chose – comme enlever son manteau car il a chaud - une fois qu'on lui en a fait la réflexion. Si le ton a été doux, gentil, cela peut passer. Mais si c'était une moquerie, ou un ordre, il ne changera rien. Provocation ? Pas vraiment. Juste un aperçu du mauvais caractère et de la mauvaise foi dont il peut parfois preuve, et peut-être une conséquence de son caractère enfantin, voire sûrement.
Vous avez envie de vous amuser, quitte à vous ridiculiser, mais pas seul ? Et bien, Shû sera tout à fait partant… S'amuser, c'est dans ses cordes ! Et le ridicule ne tue pas, il le sait depuis longtemps ! Shû est un ange, mais un ange plein d'entrain, énergique, prêt à vous suivre dans vos folles aventures et à en être le meneur parfois !
Cependant, que cela reste censé et véritablement drôle, sans être dangereux, ne ? Là, Shû ne sera pas partant. Car Shû est un bon Tenshi Baka ! Et il ne veut pas faire de mal. Alors, partant pour plaisanter, mais uniquement sans risque de porter atteinte à autrui !
Mais… Mais ce n'est pas parce que Shû est un petit ange joyeux qu'il recule devant une tache de sang. Il n'en a pas peur ! Et d'ailleurs, une des lectures préférées de Shû est celle de romans noirs… Alors non, franchement, il n'en a vraiment pas peur. Il ne s'est jamais effrayé d'une plaie saignante… Et il aurait eu bien du mal à un certain moment de son existence, s'il avait eu peur du sang.