Forum RPG université - Rainbow University
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Forum RPG se déroulant dans une université à Tôkyô. Elle accueille des élèves doués de talent particulier pour la musique, le sport, la cuisine etc. Cependant, des meurtres ont lieu...
 
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 Le printemps est beau, n'est-ce pas ?

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2 participants
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Shû Nakamura
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Shû Nakamura


Messages : 398
Classe : Première année, littérature, option théâtre.
Chambre : Chambre une. (Pourquoi faut-il qu'il soit dans la même chambre que ce Diable de Shiro ?!)
Activités/Passions : Shû aime lire et écrire, le théâtre, la musique. Le sucettes. Les gâteaux. Les animaux. Les fleurs. La nature. Les peluches. Les gens. Les câlins.
Sexualité : Insexuel ! *BAF*

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MessageSujet: Le printemps est beau, n'est-ce pas ?   Le printemps est beau, n'est-ce pas ? EmptyVen 23 Avr - 21:21

Marchant, il ne contemplait rien. Lui, l'ange blond, ne contemplait rien. Ni les fleurs, ni l'herbe, ni le ciel bleu, ni le soleil. Il errait. Âme sans but. Sans aucun but, sans n'en avoir jamais eu un, jamais. Aucun projet d'avenir. Aucune idée. Il ignorait. Il marchait. Sans même contempler le printemps. Lui, l'ange blond, ne contemplait pas le printemps.
Ses pas glissaient sur l'herbe. Il ne faisait pas attention non plus aux abeilles. Lui, l'enfant apeuré, n'y faisait pas attention. Âme sans but. Les couloirs étaient déserts. Il n'avait pas cours, à cette heure. Et ceux qui étaient libres, marchaient dehors. Il ne voulait pas se mêler à eux. Son sourire aurait été lumineux. Il ne voulait pas éclairer. C'était fatiguant. Fatiguant, d'être enfant. Fatiguant, d'être ange. Pseudo-enfant, pseudo-ange. Il ne voulait pas. Pas aujourd'hui. Pas en ce moment. Alors, il marchait. Dans les couloirs vides. Il aurait dû aller dehors, contempler le printemps. Mais il n'allait pas. Lui, l'ange blond, n'y allait pas. Il n'allait contempler ni les fleurs, ni l'herbe, ni le ciel bleu, ni le soleil. Il restait, dans ces couloirs austères. Froids, vides, immuables. Il descendait les escaliers et marchait encore dans les couloirs. Puis remontait, et marchait encore.
Un mouvement perpétuel. Machinal. Mouvement d'un corps morne, en ce jour de printemps. Alors que les oiseaux dehors chantaient. Alors que les cerisiers étaient en fleurs. Alors que les primevères égayaient l'herbe. Alors que l'herbe verdoyante se ravivait. Alors que le ciel azur s'étendait au-delà de tout. Alors que le soleil chauffait les esprits et les cœurs. Lui, restait en ces couloirs, marchant. Sans un mot, sans un soupir. Muet. Muet d'un on ne savait quoi impalpable, incompris, impensable, insoupçonné, mais là, présent. Muet et errant, l'ange blond marchait dans ces couloirs austères. Ses yeux étaient hagards, vides. A son image, ils erraient. Son corps laiteux se traînait en ce lieu, sans en avoir conscience. Vide, errant, muet, l'enfant apeuré n'était pas l'ange blond, l'ange blond n'était pas l'enfant apeuré. S'il s'avérait que quelqu'un venait ici, alors, oui, la masse, lèverait la tête, et sourirait, du plus charmant des sourires d'enfants, le visage éclairé et émerveillé, le bonheur laissant ses taches virevolter sur la figure du blondinet. Mais personne ne venait, et il n'avait nul besoin d'être heureux. Il pouvait errer, comme il le désirait. Marcher, tant qu'il voulait. Voiler ses yeux, jusqu'à ce qu'il ne voie plus rien. Être muet, tant que ça lui plairait. Ne plus penser, autant qu'il le voudrait. Il n'avait nul besoin d'être enfant apeuré, nul besoin d'être ange blond. Il était entre des murs austères, sur un sol uniforme, et il faisait sombre, malgré le soleil dehors, qui faisait gambader ses rayons où il voulait. Il pouvait jouer ou ne pas jouer, enfin, réellement.
Shû, non, n'était pas l'adolescent puéril, trop enfant, désespérément ingénu, en ce jour.

Akihira était venu le voir, ce matin. Comme tous les matins. Comme tous les matins, il avait dû se battre contre son demi-frère. Comme tous les matins, il avait perdu. Eternel combat inutile, lassant combat, dont Shû n'espérait plus rien. Il avait laissé ses espoirs s'échapper, les avait libérés, puisque combattre ne servait pas, il le savait. Espérer ne lui servait plus. Il avait compris.
Depuis longtemps.
Alors, il ne prenait pas la peine d'espérer ne pas perdre. Cela lui aurait été inutile. Gagner lui était inutile. Il perdait. Il se laissait frapper, bernant le faux-terrible, en levant le poing de temps en temps. Il le laissait dans ses illusions de plus fort, de vainqueur. Ce n'était pas du masochisme, loin de là. Il ne prenait aucun plaisir à être frappé. C'était de l'habitude. Et une immense lassitude. Il était lassé. Lassé de ces combats. Devenu habitué à perdre, il était lassé du visage victorieux et hautain d'Akihira. Du pauvre Akihira. Stupide, Akihira. Tous ces combats ne menaient à rien. Ils étaient absurdes. Totalement absurdes. Un comique de farce, voilà à quoi, auraient-ils pu servir, peut-être. Peut-être. C'était grossier. Grossier de perdurer de tels combats, sans aucun besoin. Aucune cause n'était plus défendue depuis longtemps. Aucune cause n'avait jamais été défendue. Rien ne servait de se battre. Mais s'il s'aventurait à le remarquer, Shû se faisait traiter de lâche, de peureux. Et le fort frappait encore plus, plus violemment. Tout n'était que cercles vicieux. L'ange blond était coincé dans sa coque d'enfant apeuré. Pourtant, l'ange blond était différent. Il n'était même pas ange. Mais personne ne le savait, peut-être même personne ne le saurait. C'était un secret. Le secret de Nakamura Shû. Absolument invisible. Absolument indiscernable. Parce que Shû était un gosse de dix-neuf ans, peureux, lâche, mais adorable et heureux. Parce que Shû était un enfant. Alors, Shû était un ange.
Shû souriait, Shû jouait, Shû avait peur, Shû boudait, Shû aimait les sucreries, Shû voulait des câlins, Shû était faible, Shû avait besoin d'être protégé, Shû avait besoin d'amis, Shû gardait les confidences, Shû était un journal intime pour autrui, Shû était un enfant de dix-neuf ans. Un enfant de dix-neuf ans. Un-en-fant-de-dix-neuf-ans. Un. En. Fant. De. Dix. Neuf. Ans. Tel est Shû. Shû, l'ange blond. Aux cheveux colorés.
Shû aurait pu être clown.
Shû avait de grands yeux, un visage rond, un sourire charmant, un physique d'enfant. Shû riait doucement, était malicieux, gentil, affectueux, collant, câlin, effarouché.
Shû était boudeur, capricieux, amateur de sucreries, ignorant, malin, possessif.

Il était vêtu d'une chemise blanche, droite, simple, immaculée, stricte. Il avait un pantalon noir, en velours. Sombre, soyeux, doux, mystérieux. Il avait enfilé une veste, entrouverte, du même velours que le pantalon, du même noir, garnie de boutons de manchettes d'argent. Il avait des bottes, ensevelies sous le pantalon, noires, lacées, un mélange de cuir et de tissu, paraissant être du velours, en étant peut-être. Un foulard bleu, d'un bleu nuit, piqué de motifs noirs, divers, gardait son cou. Ses cheveux étaient, habituellement, teintés en blond. Un blond clair. Ses yeux étaient, quant à eux, bleus. Un bleu vif, agressif, flashant. Uniforme. Contrastant avec le reste. Il portait, à son poignet, une chaîne d'argent. Un collier, du même métal, supportait un pendentif représentant une étoile, posée juste dans l'ouverture de sa chemise.
Tel était Shû, en ce jour. Curieusement sobre. Ce qui le rendait extravagant. Agressant par son regard, d'un bleu trop excessif. Assumé. Volontaire. Maintenu. Déterminé.
Puissant.
Et il marchait, dans ces couloirs. Seul. Silencieux. Mais il sortit du bâtiment. Il savait. Il savait qu'il ne fallait pas dépasser un seuil de temps dans ces couloirs. L'étroitesse serait alors apparue, et il ne fallait pas. La lumière du jour le gifla, mais il la défia de son regard, et elle ne le gêna plus. Il rentra, de nouveau. Il ne voulait pas la voir plus longtemps. Il y avait les autres. Et sourire eût été trop hypocrite. Alors, fermement, il alla au théâtre, et y pénétra. Personne ne viendrait ici, personne n'y avait cours à ces heures. Il le savait, il connaissait les horaires des cours de théâtre mieux que son emploi du temps. Certes, d'autres élèves pourraient venir. Mais, ce ne serait pas pour un cours. Et peu y venaient. Le théâtre était écarté. Dans le bâtiment, mais écarté. Comme un lieu dans lequel il ne fallait pas pénétrer, sauf si on le connaissait. Shû l'aimait. Il aimait ce théâtre. Il le connaissait, lui aussi. Et venait souvent le voir. Y passant parfois des heures. A l'abri de ses spectateurs. Sans eux. Libre. Sur scène.
Il y monta. Marcha. Regarda les sièges vides. La porte fermée. Il descendit et fit le tour des fauteuils. Puis alla dans les coulisses. Revint sur scène. Seul. Il n'y avait personne. A moins que quelqu'un pousse la porte et l'ouvre. Il ne savait pas, s'il en serait content. Il verrait. Il ne s'en préoccupait, en fait. Il s'en fichait, même. Qu'ils viennent, s'ils veulent. Un théâtre n'est pas fait pour être seul, même si Shû appréciait son silence.
Il marcha encore sur la scène. Le plateau craquait sous ses pas. Il se faisait vieux, il hurlait sa douleur. L'acteur alla s'asseoir au fond de la scène. Tout au fond. Les jambes en tailleur. Invisible. Il regarda le public, fantôme. Mordit ses lèvres. Pour se retenir de hurler « CORDE ! »
Cela portait malheur. Mais il en avait envie, parfois. Ou même, de porter du vert. Mais non. Pas ça. Pas au théâtre. Il respectait. Malgré son envie, il respectait. Il ne le ferait jamais. Parce qu'il ne voulait pas le faire. Même si la tentation le prenait parfois, subitement, en pleine répétition. « CORDE ! »
Mais non. Il en restait muet. Et jouait, clamait son texte. Même si le personnage murmurait. Il clamait son texte. En articulant. Le secret n'était pas de parler fort. Le secret était d'articuler. Et Shû articulait très bien. Il savait, ne pas faire d'élisions. Prononcer toutes les syllabes. Il se leva. Marcha. Laissa le plateau hurler sa douleur. Le pauvre meurtri. Il n'était pas martyr, cependant. Il s'arrêta. Puis retourna au fond de la scène, tout au fond. Les jambes en tailleur. Il baissa la tête. Mit ses mains sur ses genoux. Y posa son menton. Son foulard pendait. Comme un pantin inanimé.
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Shiro Satô
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Shiro Satô


Messages : 434
Classe : Première année. Littérature et musique.
Chambre : Chambre 1
Activités/Passions : Yakuza à plein temps, c'est une activité? Voire une passion? Parce que je passe ma vie à faire ça... Même en cours, je repère des trucs...
En dehors de ça, je joue du piano, j'aime la littérature. Et Tôkyô la nuit.
Sexualité : Pour répondre à cette question il faudrait que je m'intéresse à quelqu'un. Or je ne m'intéresse à personne, sinon à moi-même. Dans la mesure où je m'intéresse à moi-même et où je suis un homme, dois-je dire que je suis gay ?

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MessageSujet: Re: Le printemps est beau, n'est-ce pas ?   Le printemps est beau, n'est-ce pas ? EmptySam 24 Avr - 14:06

    Shiro fut réveillé de manière brutale. Pas par la sonnerie stridente et désagréable de son réveil, pas par quelqu’un qui criait, pas non plus par la lumière du soleil qui venait l’éblouir sournoisement. Juste par un oreiller. Un oreiller, lancé par quelqu’un, qu’il avait reçu en plein visage. A six heures du matin. L’heure n’était pas un problème, quoiqu’il eût put dormir plus longtemps ce jour-là, puisqu’il n’y avait pas de cours. Le problème était la technique de réveil. Quelqu’un lui avait lancé un oreiller au visage. Le fait même d’être réveillé ne posait aucun problème. Mais pas de cette façon. Personne ne lance un oreiller à Shiro Satô. Ou du moins, personne ne voulant rester en vie. Il est incroyable que quelqu’un soit aussi alerte au réveil, et pourtant, Shiro avait sauté de son lit et s’était retrouvé allongé par terre, sur la personne qui avait lancé l’oreiller, et il tenait un poignard contre sa gorge. Réaction excessive ? Non, pas pour Shiro, car il avait parfaitement reconnu l’auteur de cette bien mauvaise blague. Shigeki. Shigeki dû regretter instantanément ce geste. Shiro n’y allait pas doucement, même à cette heure, et un filet de sang avait coulé de sa gorge, jusqu’au parquet. Shiro lâcha un mauvais rire, un rire mesquin et désagréable. Il se releva avec souplesse, rangea son petit poignard et donna à Shigeki l’ordre de nettoyer le sang qu’il avait mit par terre. Shigeki le toisa avec mépris. A les voir, on aurait davantage cru que c’était Shiro l’aîné, et pourtant, c’était Shigeki le plus âgé. Et c’était aussi Shigeki, le fils du chef de leur clan. Shige jeta un mouchoir par terre, essuya rapidement et sortit de la chambre. Shiro savait parfaitement pourquoi il était venu le réveiller. Ils avaient du travail aujourd’hui. Il soupira, fouilla dans son armoire pour trouver des vêtements noirs et un bonnet noir, aussi. Ses cheveux n’étaient pas plus discrets que ses vêtements colorés. Il soupira, se dirigea dans la salle de bain pour s’habiller rapidement.
    Le mauvais rire de Shiro retentissait dans le ciel de Shinjuku. Il s’accorda une dernière remarque méprisante, et sauta lestement du toit sur lequel il se trouvait. Il rangea son katana, s’éloigna rapidement. Il s’engouffra dans la voiture qui l’attendait à la sortie de la rue, se changea rapidement, enfilant en grimaçant un jeans et un t-shirt bien trop grand. Ils auraient tout de même pu faire l’effort de lui apporter des vêtements à sa taille… Il pesta un moment tout en essuyant le sang sur son katana. Pourquoi fallait-il toujours qu’il se débatte et hurle, et qu’il y ait du sang et des blessés alors même qu’il ne faisait qu’apporter un message et qu’il ne devait tuer personne ? Il donna un ordre sec au chauffeur qui s’arrêta au coin d’Omotesandô. Laissant le sac plein de ses vêtements dans la voiture, il jeta rapidement son bonnet sur le siège et sorti. Il grimaçait à chaque pas. Il ne sortait jamais aussi mal habillé. Shige allait lui payer cela, et très très cher. Il oubliait toujours à quel point Shiro pouvait se montrer inventif et odieux. Regrettable erreur de sa part. Un sourire malsain vint orner les lèvres de Shiro alors qu’il descendait la grande avenue si célèbre à Tôkyô, tout en bousculant des gens. Il y avait déjà du monde, il n’était pourtant que neuf heures. Il finit par entrer dans une grande boutique. Tous le dévisagèrent, sans doute parce qu’il était mal habillé, mais un seul regard suffisait à les faire taire, un seul sourire à leur faire baisser les yeux. Il alla jusqu’au comptoir, demanda sèchement à parler au responsable, lui remit une enveloppe et sortit. Il appela un taxi, ordonna qu’on le mène à Ueno. Il sourit avec candeur lorsqu’il fut arrivé. Il faisait très beau, quoique frais, et tous les cerisiers du parc étaient en fleurs. Il marcha un moment au milieu des cerisiers, ignorant les enfants qui le bousculaient et s’éloignaient en criant, ignorant les mères qui s’excusaient, l’air confus. Il serait probablement resté dans ce parc, mal habillé, pendant des heures, mais ce fut un vertige qui le rappela à l’ordre. Il fronça les sourcils, comme s’il réfléchissait de façon intense. Quand était-ce, la dernière fois qu’il avait avalé quelque chose ? Hier soir. Quelque chose de consistant ? Hmm… Hier midi, alors… Il secoua la tête en riant légèrement, amusé par sa propre insouciance. Pourtant, on le réprimandait souvent parce qu’il ne mangeait pas assez. Eh bien ! Qu’à cela ne tienne, il allait manger. Fort de cette bonne résolution, il sortit du parc, s’arrêta devant le premier Starbucks qu’il croisa et acheta un grand café à emporter. Parfait. Il n’avait plus faim.
    Shiro passa une main dans ses cheveux humide et se fixa dans le miroir de la salle de bain. Il n’avait même pas de cernes. Son regard caramel pétillait. Shiro avait de la chance, pour cela. La couleur de ses yeux s’approchait du doré sans qu’il porte de lentilles, ce qui était rare pour un japonais. Il avait les yeux naturellement clairs, et terriblement envoûtants… Il secoua la tête en souriant. C’était un sourire sincère. Malheureusement, c’était à lui-même qu’il l’adressait, et il n’y avait dans sa salle de bain personne pour le voir. C’était dommage, car c’était le plus beau de tous les sourires. Il passa une serviette dans ses cheveux, les sécha rapidement. Il fallait qu’il s’habille, qu’il sorte. Il faisait beau, et c’était rare qu’il puisse se permettre d’aller quelque part, alors autant en profiter, non ? Il s’habilla, se coiffa et sortit. Il erra un long moment dans les couloirs de l’université. Il faisait semblant, il faisait comme s’il pouvait se perdre, alors qu’il pouvait retrouver son chemin les yeux fermés dans cet endroit qui semblait être un véritable labyrinthe pour les autres étudiants nouveaux. Dans Tôkyô aussi, il faisait souvent comme s’il pouvait se perdre. Les beaux jours de printemps, les jours où il faisait chaud, il errait dans Shibuya, il faisait comme s’il avait les yeux fermés, comme s’il pouvait se perdre, comme s’il pouvait se perdre… Cette pensée lui arracha un sourire, ses pas le menaient dans les couloirs déserts, et soudain, il était sortit, il était là, devant l’université, dans le jardin de l’université, il était là. Le soleil se déposait avec douceur sur son beau visage alors qu’il semblait briller d’une manière beaucoup trop cru sur le corps des autres. Léger sourire. Il ne voulait pas rester dehors, même s’il était le seul à profiter d’un soleil si doux, il voulait autre chose. Il voulait qu’il fasse sombre et beaucoup plus frais. Il ne voulait pas rester dans cette douceur, cette douceur était absurde, car elle lui appartenait. Il pouvait en profiter dès qu’il le souhaitait, alors elle n’était pas intéressante, elle n’importait pas, il ne l’aimait pas. Cette pureté c’était lui. Il avait besoin de froid et de sombre. Comme pour se rappeler du monde auquel il s’était donné. Souriant avec une douceur malsaine, il se dirigea vers le théâtre, y entra. Il y avait de la lumière, et à cet instant, le théâtre ne voyait que lui. Il fallait dire qu’il n’était pas très discret. Ses cheveux étaient savamment coiffés. Il portait un pantalon d’une couleur rose un peu vieillit, et des baskets violettes. Son t-shirt était d’un vert pomme, mais plutôt pastel, et on pouvait y voir des étoiles noires de tailles différentes. Le tout, déjà plutôt voyant, était rehaussé par une veste argenté. A son oreille gauche pendait une étoile rose qui semblait sourire, à son oreille droite, il avait simplement un clou à l’emblème de Vivienne Westwood. Il avançait, serein, dans le théâtre vide. Ou… presque vide. Ses sourcils se froncèrent au-dessus de ses beaux yeux caramel. Quelqu’un était donc ici ? Il s’approcha, et sauta lestement sur la scène, sans prendre la peine d’emprunter l’escalier sur le côté. Le parquet si vieux de la scène gémit à peine lorsque les pieds de Shiro s’y posèrent. Il avait l’habitude de ne pas faire de bruit. Il s’approcha doucement de la personne qui était assise en tailleur au fond. Il avait reconnu immédiatement Shû. Cela faisait parti de son travail, de savoir reconnaître quelqu’un lorsqu’il le voyait, alors on ne pouvait pas dire que c’était un exploit, venant de lui. Mais il l’avait reconnu de loin, et bien que ce n’était qu’un théâtre d’université, c’était un vaste théâtre. Il s’approcha, restant debout, fixant Shû. Son visage n’était pas froid, il n’était pas non plus indifférent, pour une fois. Les yeux caramel de Shiro étaient vides. En fait, il était… Pas surpris, simplement… A l’instant même où ses yeux s’étaient posées sur Shû, il avait compris qu’il n’était pas comme les autres jours, qu’il n’était pas comme d’habitude. Il n’avait pas de sucette dans la bouche, il n’était pas souriant, il n’avait pas semblé mourir de peur à son approche, il semblait… On aurait dit une coquille. Vide. Oh, il ne resterait pas très longtemps une coquille vide. Pas en face de Shiro, en tout cas. Shiro inspirait le mépris, le dégoût, la rage, le respect, l’amour, la haine, l’anxiété, la terreur, l’envie, la jalousie, l’admiration… Mais il ne laissait jamais indifférent. Personne n’avait jamais regardé Shiro Satô avec un regard vide plus de trois secondes. Et Shû ne dérogerait certainement pas à la règle. Shiro s’assurerait personnellement que non. Quoiqu’en général, il méprisait ou ignorait tout le monde, il aimait savoir qu’il inspirait des choses aux autres, quelles qu’elles soient. Shiro glissa avec lenteur sur le sol et s’assit en tailleur en face de Shû. Il le regardait avec un léger sourire aux lèvres, mais ce léger sourire suffisait à illuminer d’une manière incroyable son si beau visage, si souvent si froid. Ce n’était pourtant qu’un minuscule sourire en coin, mais on aurait presque dit qu’il était d’une douceur infini. Shiro fixa un instant les yeux de Shû, ses yeux bleus pétillants. Ces yeux qui ne lui faisaient aucun effet. De sa vie, il avait croisé des regards terrifiants. Celui-là ne lui faisait rien. Au bout de quelques minutes, il finit par dire :

    « Tu n’es pas comme d’habitude. »

    C’était une remarque qu’il s’était faite dès qu’il l’avait vu, c’était une pure constatation, et jamais une telle constatation n’avait été dite avec une telle platitude. C’était le genre de remarque qu’on devait énoncer d’un ton inquiet ou inquisiteur, mais certainement pas de cette façon. Et pourtant Shiro l’avait fait. Mais Shiro était lui-même. Il n’était pas surprenant qu’il fasse une remarque à quelqu’un sur un ton tel que celui-là. Il faisait toujours des remarques. Des remarques méprisantes, des remarques mesquines, des remarques blessantes. Pourquoi faire des compliments, après tout ? Il était rare qu’il pense de quelqu’un qu’il était beau. Et il ne se voyait pas dire cela à un inconnu. Pas parce qu’il en était gêné, il passait pour un extravagant et un égocentrique à longueur de temps, simplement parce qu’il trouvait cela inutile. Pourquoi dire à quelqu’un se genre de chose ? Pour cette personne, cela semblerait signifier quelque chose, mais pour lui, rien à faire, cela ne voudrait strictement rien dire. Il y avait des personnes qu’ils appréciaient comme des complices, ou comme des camarades : certains membres du gang, par exemple, mais il ne s’était jamais dit qu’il appréciait véritablement ces personnes. Cela ne voulait rien dire, dans sa tête. Il avait depuis longtemps oublié ce que c’était que d’apprécié quelqu’un, il ne savait plus ce que voulait dire le mot « amour », et il s’en moquait dès qu’il en avait l’occasion, il traitait cela comme une absurdité, une chose abjecte qui voulait faire tourner le monde, au même titre que la puissance et que l’argent, mais qui, somme toute, n’avait de sens pour personne, que personne ne savait définir, qui n’avait pas de vrai valeur, qui n’était rien de palpable, et donc, qui était à ses yeux foncièrement inutile. Il riait doucement en imaginant que des gens pouvaient croire à quelque chose de si absurde que cela. Lamentable. En fait, Shiro ne pouvait pas peser ce genre de chose. Il ne savait pas quel poids cela pouvait avoir dans la vie de quelqu’un, puisque cela n’en avait jamais eu dans la sienne. Shiro n’était pas une personne à l’esprit étroit. C’était simplement une chose qu’il ne comprenait pas. Et peut-être était-ce à juste titre ? Après tout, les anges étaient faits pour être aimés, pour être révérés, admirés et adulés. Mais sans doute pas pour aimer eux-mêmes. Ou peut-être n’était-ce le cas que pour un seul ange ? Shiro était cet ange. Le plus beau des anges, celui qui brillait au-dessus de tous les autres. C’était le plus beau alors qu’il aurait dû l’être le moins, parce qu’il était le seul ange aux mains tâchés de sang. Mais ce sang, ce sang qui était aussi le sien, il le revendiquait avec ferveur. Oui, il avait sombré. Il était parti régner en Enfer. Néanmoins, il n’était pas un ange déchu. Et ses ailes ne s’étaient pas brisées. Il étaient l’ange au mains tâchées de sang, l’ange aux cheveux et aux vêtements étranges, l’ange aux manières outrancières, l’ange au sourire malsain, l’ange aux mains tâchées de sang, tâchées de sang. Et pourtant, il brillait plus que tout autre dans son ciel qui aurait dû être sombre, et qui ne l’était pas. Il était l’ange qui était resté intègre. Il avait su rester ange en devenant mauvais. Il était un ange odieux. Il était l’Ange.
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Shû Nakamura
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MessageSujet: Re: Le printemps est beau, n'est-ce pas ?   Le printemps est beau, n'est-ce pas ? EmptySam 24 Avr - 19:39

La porte du théâtre s'ouvrit. Shû ne releva pas la tête. Il la laissa posée sur son menton. Il attendit, tout simplement. L'individu était monté sur scène. Le blond eut un sourire. Un sourire en coin. L'ange blond avait souri d'un sourire en coin. Invisible. Puisque sa tête était toujours baissée. Il l'entendit marcher. Venir vers lui, même. Et s'asseoir.
Alors, l'ange blond releva sa tête. Et découvrit Shiro. Cela ne lui fit ni chaud ni froid. N'importe qui pouvait venir. Pourquoi pas Shiro. Le ton plat du jeune homme ne le surprit pas. Il avait fini par être habitué aux tons « non-conventionnels » de l'ange trop blanc. Il n'était pas comme d'habitude. C'était amusant. Extrêmement amusant. Oui. Shû se permettait de trouver la remarque de Shiro extrêmement amusante. Et elle l'était.
Shû ne cillait pas. Pas là, non. Pas ici. Pas maintenant. Certainement pas.
Il se leva d'un bond, vivement. Pas avec la grâce de Shiro, certes. Mais avec la souplesse qu'il détenait là, maintenant, en cet instant. Que jamais, jamais personne ne voyait autrement. Ce n'était en aucun cas parce que c'était Shiro. Non. C'était parce que Shû était Shû. Shû était acteur. Shû était sur une scène. Sur un plateau. Shû était dans un théâtre. Un théâtre. Il s'était donc levé, et marchait sur la scène, en faisant le tour. La configuration de celle-ci était particulière. Elle n'était pas droite. Ni ronde, non, certainement pas. C'était un plateau dur. Pour une mise en scène. Université ou non, c'était un théâtre. Un véritable un théâtre. Un théâtre est un théâtre. Point. Shû n'avait pas éclairé le public, en entrant. Juste les projecteurs qui diffusaient une couleur orange sur la scène. Il faisait encore sombre par ce fait. Le jeune comédien avait le tête haute et le regard franc. Non, Shiro, non. Shû n'était, en ce moment, pas l'idiot gamin que tu connais, tu vois. Il se tourna brusquement vers le jeune musicien, lui en bout de scène, debout, Shiro au fond, en tailleur.

« Pas comme d'habitude ? Pas comme d'habitude ? »

Il tourna sa tête vers le public.

« Pas comme d'habitude ! Voyez-vous ça ! »

Reporta son attention vers Shiro.

« Et pourquoi dis-tu cela ? En quoi suis-je différent des autres jours ? Quel est, alors, mon ordinaire ? »

Il sembla courir sur scène, alla auprès de Shiro, s'accroupit et lui murmura à l'oreille :

« Mais sais-tu qui je suis, pour affirmer cela ? Et si… C'était mon habitude ? »

Puis le comédien repartit, vivement, lestement, rapidement, énergique. Comme s'il sautait dans le ciel, de nuage en nuage. C'était un théâtre. Et ils étaient sur scène. Que fait-on, sur un théâtre ? On joue. Shû jouait. Shû était Comédien. Shiro était l'Ange. Shû était Comédien. L'Univers appartenait peut-être à Shiro. Mais le Théâtre appartenait à Shû, entre eux deux. Peut-être que Shiro était excellent comédien. Mais cela ne changeait rien. Qu'il fusse meilleur que Shû ne changerait rien. Le théâtre était à Shû, l'univers à Shiro. Fusse l'univers un théâtre pour Shiro. Le théâtre était à Shû.
Et Shû jouait. Il jouait, il était sur scène. Tout cela n'était qu'un jeu. Un pur jeu. Autant qu'un jeu puisse être pur. Pouvait-il seulement l'être ? Ce n'est pas certain. Et qu'est-ce que le théâtre, d'ailleurs ? Personne ne répondrait à cette question. Le théâtre était en mouvement perpétuel. Le théâtre était tout.
Shû avait cessé de marcher sur scène. Il s'était arrêté. Au bout de la scène. Non pas au fond. Mais au plus près des spectateurs. De trois-quarts. Pour qu'on le voie. Comme tout à l'heure, debout, il était. Et il regardait Shiro. Il était de trois-quarts, mais tourné vers l'Ange.
« CORDE ! »
Et Shiro portait du vert. Shû éclata de rire. Un rire fort. Bruyant. Un rire d'Acteur. Puis il reposa ses yeux sur Shiro. Il poussait la provocation où qu'il aille. C'était terriblement ironique. Ironique, oui.

« Tu portes du vert, Shiro. Tu ne devrais pas, sais-tu. »

Shû rit encore. Et reporta une nouvelle fois son regard sur Shiro.
Si Shû était imperméable à Shiro ce jour, c'était parce qu'il jouait. Il était sur scène. Il jouait. Il ne cessait de jouer, sur scène. Et loin de là ses marches énergiques être ridicules. Elles avaient un sens. Tout, absolument tout, avait un sens sur scène. Rien ne devait être omis. Chaque détail comptait. Même un bout de papier. Il fallait tenir compte de tout, absolument tout. Être attentif, sans arrêt. À tout. Toujours. Il n'était pas ridicule, en marchant vivement. Il ne l'avait pas été. Il jouait. Que Shiro l'eût trouvé ridicule… Peut-être. Mais ça ne l'était pas.
« CORDE ! »
Hurle-le, Shiro. Hurle-le. J'ai envie de l'entendre sur scène, Shiro. J'ai terriblement envie de l'entendre. Jamais je ne porterai de vert sur scène, Shiro. Jamais je ne hurlerai « CORDE ! », Shiro. Mais j'ai terriblement envie de l'entendre, Shiro. Hurle-le, Shiro. HURLE-LE. Mais je suppose que tu ne le feras pas. Tu dois savoir que le vert est proscrit, au théâtre – à moins que je n'en espère trop ? Alors, sais-tu peut-être qu'il ne faut pas prononcer ce mot. Hurle-le, Shiro. Hurle-le. J'ai terriblement envie de l'entendre, ce mot.
« CORDE ! »
Mais je suppose que tu ne le feras pas. Pourquoi le ferais-tu ? En plus, ça me ferait plaisir. Tu n'as sûrement pas envie de me faire plaisir. Mais toi, si provocant… Pourquoi ne pas le hurler ? « CORDE ! » Juste ça. Tant pis. Je ne l'entendrai pas. De toute façon, après l'avoir entendu, ça ne me plairait pas. Et si je te dis cela, que ça ne me plairait pas, après, tu le hurlerais ? Mais puisque après je n'aimerais pas, à quoi bon vouloir l'entendre ? Je ne devrais pas, d'ailleurs. Oh, assez. Ce n'est pas qu'un mot. « CORDE ! »
Je vais donc le chasser, l'oublier. Il ne me servirait à rien de l'entendre.
Je me demande, oui, je me demande vraiment, Shiro, pourquoi tu dis que je suis différent. Réponds-donc, Shiro. Je veux savoir ce qu'il en est. Il le faut. Cela me serait utile. Véritablement.
« CORDE ! »

Du bout de la scène, son regard n'avait pas quitté les yeux de Shiro. Ils semblaient sombres de loin. Leur couleur caramel était devenue de l'ébène. Bien que les lumières rajoutent à la couleur naturelle des yeux de son colocataire. Particuliers pour un japonais.
Mais peu importait. Shû était au théâtre. Shû jouait un rôle. Un rôle. Evidemment. Il jouait un rôle. Oui. Il jouait. C'était sûr. N'est-ce pas ? Shû était différent, pour Shiro et les autres. Parce qu'il était sur scène. Et qu'il jouait un rôle. Car au théâtre, on fait du théâtre. Ou bien on assiste à une représentation. Mais pour avoir des spectateurs, il fallait déjà jouer. Et Shû préférait commencer par le commencement. Alors il jouait. C'était évident. N'est-ce pas ? Un simple jeu. Une simple pièce nouvelle. Une répétition, sûrement. Puisqu'il n'y avait pas de public. Il n'y en aurait pas, alors. Puisque c'était ne répétition. Et Shû était Comédien. Non metteur en scène. Il répétait son rôle. N'est-ce pas ?
Shiro était habillé de vert. Shiro avait des yeux caramel. Shiro trouvait Shû différent. Shiro était provocant.
Et Shû avait trouvé la remarque amusante. Et Shû avait osé trouver la remarque amusante. S'amusait-on des paroles de Shiro ? Mais il n'en savait rien, le musicien. Il s'était gardé de le lui dire. Après, peut-être. Mais pas avant. Shû jouait un rôle. Shû était comédien. Shû était acteur. Shû improvisait. Tout autant qu'il apprenait son texte. Shû était sur scène. Shû était sur un plateau. Shû était au théâtre. Et Shiro était avec lui. Assis, les jambes en tailleur, tout au fond de la scène. Lui était assis, les jambes en tailleur, au devant de la scène. Ceci est une pièce, Shiro.
Une simple pièce. C'est une évidence. Comment, sinon, se pourrait-il que ? Ce n'est pas possible autrement. N'est-ce pas ? Shû est différent, Shû joue. Paraît-il.
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Shiro Satô
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Shiro Satô


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Classe : Première année. Littérature et musique.
Chambre : Chambre 1
Activités/Passions : Yakuza à plein temps, c'est une activité? Voire une passion? Parce que je passe ma vie à faire ça... Même en cours, je repère des trucs...
En dehors de ça, je joue du piano, j'aime la littérature. Et Tôkyô la nuit.
Sexualité : Pour répondre à cette question il faudrait que je m'intéresse à quelqu'un. Or je ne m'intéresse à personne, sinon à moi-même. Dans la mesure où je m'intéresse à moi-même et où je suis un homme, dois-je dire que je suis gay ?

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Le printemps est beau, n'est-ce pas ? Empty
MessageSujet: Re: Le printemps est beau, n'est-ce pas ?   Le printemps est beau, n'est-ce pas ? EmptyMer 28 Avr - 16:15

    Shiro ne prêtait pas véritablement attention à ce que pouvait dire ou faire Shû. Pourquoi ? Parce que Shiro était un jeune homme intelligent, c’était indéniable. Et parce qu’il avait immédiatement compris. Il avait vu clair dans le jeu de Shû. Il avait compris l’essence même de ce qui était en train de se passer : tout cela n’était qu’un jeu. Sauf que Shiro passait son temps à jouer la comédie. Sa vie n’était qu’une vaste pièce, était-ce une tragédie ? Il ne le pensait pas, car il maîtrisait tout cela. C’était un vaste jeu. Il faisait semblant. Il faisait semblant d’être heureux et chacun de ses sourires étaient faux, il faisait semblant d’être gentil et attentionné, il faisait semblant de vouloir plein d’ami, il faisait semblant d’être mignon et adorable, il faisait semblant de s’intéresser à ses cours, il faisait semblant de ne pas aimé ce qu’il aimait, pour que cela ne paraisse pas étrange. Il passait son temps à faire semblant. Et il avait compris ce que Shû, tout maître qu’il était en son théâtre, n’avait pas compris. Si Shû pouvait se tenir sur ses planches et faire comme s’il était autre, joué la comédie, faire semblant d’être celui qu’il n’était pas, c’était pour une seule et unique raison. Le talent, croyez-vous ? Non, pas le talent. Shû arrivait à jouer la comédie face aux autres, parce que dans la vie, il n’avait pas à jouer la comédie. Il n’avait pas à faire semblant. Shiro faisait tellement semblant, qu’il n’avait pas envie. Ce n’était pas qu’il n’avait pas la capacité de jouer la comédie, il la jouait d’ailleurs très bien, personne n’avait su le percer à jour, c’était lui qui se révélait, toujours. Non. Il jouait bien, si bien, tellement bien que cela n’avait pas d’importance, personne ne savait. Personne ne savait. Vous direz que Shiro passait son temps à mentir. Ce n’est pas le cas, il ne mentait pas, il jouait simplement un rôle. Est-ce qu’un comédien qui joue devant un théâtre, ment ? Bizarrement, Shiro jouait la comédie, mais il n’avait pas l’impression que le monde était un théâtre. Le monde n’était pas un théâtre, c’était un échiquier. Il en était le maître. Il n’était pas le roi. Il était celui qui menait les pions. Et en menant les pions, il jouait un rôle. Non, même, seulement à moitié un rôle. Parce que, même ceux qui le connaissaient sous son véritable jour lui obéissaient. La fascination s’exerçait aussi sur eux, il n’échappait pas à la fatale règle qui régissait tout. Ce n’était pas quelque chose de physique, ce n’était pas non plus quelque chose de franchement moral, mais Shiro ne pouvait pas jouer la comédie sur une scène, dans un théâtre. Non pas, en fait. Il ne voulait pas. N’étai-ce pas suffisant de faire semblant tous les jours, si en plus il fallait surfaire, faire semblant par-dessus le tout, par-dessus le faux… Non, l’idée était saugrenue, absurde à tout en dire. Mais pour autant, le processus ne s’inversait pas. Il ne se mettait pas à être lui-même, face à ceux à qui il mentait, lorsqu’il montait sur une scène. Non, définitivement non, il était toujours ce jeune homme mesuré, plein d’assurance et surtout arrogant. Mais qu’importait, enfin ? Il plaisait. Il plaisait atrocement, le monde, masochiste, se prosternait à ses pieds, et il avait plaisir à se prosterner, dans la servitude, il aimait son maître, il adulait son maître sans pourtant avoir des raisons morales de le faire. L’ange était si beau, si attirant. Et puis, c’était un ange, un ange est évidemment bon, qu’est-il sinon infiniment bon ? Comment un ange pourrait-il être mauvais ? Par définition l’ange n’est-il pas un être pur ? Oui, mais Shiro échappait à ces règles. Shiro était l’ange trop pur. Pas trop pur pour être un ange, car ange, il était. Juste trop pur pour obéir à ne serait-ce qu’une seule règle. Trop pur pour être comparé à un autre, Trop pur pour appartenir à un groupe, les groupes bien trop vulgaires pour lui. Oui, Shiro était un ange. Un ange odieux, oui. Oh, oui, il avait compris ce qu’il se passait dans la tête de Shû. Mais lui n’avait pas envie de jouer. Pas parce qu’il aimait être sérieux. Juste que la simple idée de faire semblant, là, ici, maintenant, sur cette scène lui semblait pis qu’absurde. A son sens, c’était une perte de temps. Et quitte à perdre son temps, autant perdre son temps ailleurs, et surtout, surtout, pas avec Shû. Shiro ignora donc la question de Shû. Elle ne nécessitait pas de répondre, d’ailleurs il ne voulait pas répondre. Il prêta davantage attention au second commentaire de Shû. Il regardait le jeune comédien. Lui aussi s’était levé. Il regardait la salle, la salle vide. Preuve que Shû était fou, il s’adressait à une salle vide. Si ce n’était pas de la folie furieuse, alors qu’était-ce ? Mais Shiro s’en fichait parfaitement. Parce que Shiro avait des accès de folie pire que tous ceux qui auraient pu prendre Shû. Il ne devenait pas violent, simplement tellement étrange, et plus imprévisible encore qu’à l’accoutumée, que chacun s’en allait presque en pleurant, de peur de mourir assassiné par lui, comme s’il allait se jeter sur eux. Ils ne se rendaient probablement pas compte que Shiro se fichait bien de ce qu’il pouvait dire ou faire. Dans ces moments-là, ils ne les voyaient pas, il ne voyait rien, il ne voyait plus personne. Shiro avait modifié les lumières. Un rond de lumière blanche, crue, éclairait le milieu de la scène. Il s’y était posté, debout. Le reste de la scène était plongé dans la pénombre, il n’y avait que lui, lui, l’Ange, le seul, l’unique dans la lumière. La lumière blanche, trop crue, aurait dû révéler tous ses défauts, et pourtant, il ne semblait que plus beau, debout au milieu de la scène, sous cette lumière qui aurait dû le faire paraître laid, on voyait, encore une fois, qu’il était l’Ange, car il était beau, infiniment beau. Les mains sur les hanches, le regard dans le vide, il finit par dire d’une voix froide :

    « Oui je le sais. Mais je n’avais pas prévu de venir ici. Et quand bien même, pourquoi un vulgaire bâtiment ferait-il la loi ? Ma loi ? Et puis… J’aime enfreindre les règles. »

    Shiro lâcha un léger rire méprisant qui se répercuta un instant sur les murs nus de la salle vide, comme si lui et tout son mépris remplissait la salle. Il savait. Il connaissait les superstitions du théâtre, il savait que Shû aurait voulu qu’il commette encore « une faute », mais lui n’en avais pas envie ? Pourquoi ? Premièrement, tout ce qui pouvait faire plaisir à Shû lui semblait dérangeant. Finalement, tout ce qui pouvait lui faire plaisir en règle général le dérangeait, ce qui n’était pas peu dire. Et puis Shû se serait probablement outragé, ou aurait trouvé cela odieux dès l’instant où il aurait fait, dit, quelque chose d’interdit. Alors non, définitivement, non. Il ne voulait pas. Il perdait son temps, ici, à regarder Shû, il perdait son temps, parce que Shû, de toute façon aurait tout aussi bien pu parler seul. Et Shiro était venu ici pour être seul. Etre avec Shû n’était pas être seul. Etre avec Shû revenait à être entouré d’une dizaine de gamins, tous plus ennuyeux les uns que les autres. Et quand bien même il semblait un peu différent en ce jour, cela n’avait pas d’importance, car enfin il restait Shû, et Shû était, par définition même, absolument insupportable. Shiro fit avec grâce quelque pas en arrière, la lumière redevint soudainement orangée et étrange, puisqu’il avait enclenché le mécanisme. Il sauta lestement de la scène dans le public, sans un bruit. Ce plancher ne craquerait certainement pas sous ses pieds. Il avança d’un pas mesuré, avec assurance, toujours avec assurance jusqu’à la porte. Il ne s’arrêta pas, il l’ouvrit dès qu’il fut devant et il sortit. La nuit tomba dans la salle. La lumière venait de s’éteindre. L’Ange était sorti.
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